« Dance and die ! » annonçaient Carine di Vita et Vale Poher (les deux lyonnaises au sein de Mensch) en exergue de leur premier EP. Un slogan fédérateur permettant aujourd’hui de constater l’évolution intervenue entre le précédent album éponyme et ce nouveau Tarifa. Car si la cold wave d’hier possède toujours un droit de vote, Mensch pratique dorénavant l’ouverture des horizons. Ce n’est pas encore de la dance, mais le public corbeau est tout à fait libre de partir se pendre ailleurs.
L’originalité de Tarifa, ainsi que son caractère absolument rafraîchissant, ne tient qu’au lien poreux entretenu par celui-ci avec une certaine idée new wave. Car là où, en 2015, il semble naturel de réciter son petit The Cure illustré jusqu’à douloureusement virer au bis repetita ; chez Mensch, la glaciation polaire n’est qu’un ancrage, un arrière-plan, et non pas une finalité. Doté d’une production espacée, axé sur la souplesse des rythmiques, ce deuxième album fonctionne souvent en trompe-l’œil : basses Gallup et batterie Morris se dégustent telle une dérive Joy Division vers le Brill Building. Carine et Vale n’oublient donc guère leur provenance 78/80 ; simplement, le post-punk est ici cocufié, tiré vers la lumière et l’inclinaison pop.
Que Mensch réfléchisse la new wave, c’est déjà magnifique. Que le duo applique musicalement ses propres théories, voilà qui force le respect. En guise d’exemple, Cosmopolitain, dans la langue de Taxi Girl : n’importe lesquelles des formations françaises estampillées dark jamais n’auraient le courage de troquer les ténèbres british pour la clarté pop frenchy. Pas Mensch : non seulement le titre s’impose comme étant le meilleur du disque, mais il révèle un girls band très doué dans le maniement d’un français pince-sans-rire. Une incursion bleu-blanc-rouge qui en exige d’autres…
02. Cosmopolitain
03. Push Me Away
04. The Greatest Escape
05. Tarifa
06. After Love
07. More Is More
08. Dusk
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