Une adolescente en petite tenue, avec la plus belle collection de tee-shirts de nuit de l’histoire du rock indépendant, une mine à tomber et de splendides écouteurs rouge sang délicieusement balancés par dessus une couette spatiale : voilà l’un des nombreux trucs qui font mouche sur Record Store Day, le dernier single du Lawrence de Felt, Denim et consort, rebaptisé pour l’occasion Mozart Estate. On avait laissé le bonhomme sur un dernier album chez Cherry Red, il y a quelques années. Visiblement, la covid-19 ne sera pas venue à bout de ses rêves de gloire et de règne millénaire sur les charts ou ce qu’il en reste.
Sorti pour le fameux jour des disquaires (dont les livraisons s’étalent cette année sur plusieurs mois), devenue la plus grosse fête (arnaque?) commerciale d’une industrie qui n’en finit pas d’agoniser, le single est porté par Cherry Red et dispose semble-t-il d’un joli budget vidéo puisque le casting compte en ses rangs une jeune mannequin en herbe en la personne d’Ella Johnson (la jolie fille, on a cherché un peu…). Le rendu est élégant et la chanteuse parée de cette capacité à vous rester en tête qui distingue les meilleures compositions de l’artiste. Record Store Day est entraînante, gentiment glam, pop en diable et met en avant un refrain (une unique phrase, en fait) joliment addictive. Si l’on ajoute à cela un name-dropping qui mentionne The Fall (Mark E. Smith), John Peel, Rough Trade et quelques autres, on obtient un très bon disque qui n’est pas dénué d’humour (et d’ironie) mais célèbre aussi avec respect de grandes figures du passé. Qu’aurait pensé Mark E Smith du renouveau du vinyle et de ces cochonneries ? Que cela lui ferait du blé en plus, bien sûr. John Peel ?
La collection de tee-shirts de la jeune fille est tout aussi évocatrice, avec un clin d’œil marqué à Felt, groupe culte du chanteur dont on attend toujours une biographie. Est-ce que ce single annonce quoi que ce soit ? On n’en sait rien mais rien n’est jamais innocent et il est à parier qu’il y aura bientôt du nouveau dans le grand plan de conquête des ondes par Lawrence et son Mozart Estate. Sait-on jamais, cette fois, ça pourrait marcher.
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