On avait pas prévu de tomber amoureux de la musique pop des Canadiens de Favours. La chose s’est faite par hasard. On avait sans doute trop écouté de musique des années 80 ce jour-là, envisagé de renouer avec Chris Isaak, écouté un peu de Lloyd Cole et disserté sur le retour de Tears For Fears et le génie supposé de Talk Talk. Il s’est passé un drôle de truc à l’écoute de Call Me, comme si on allait retourner au collège et tenter de séduire à nouveau la plus belle fille de la classe (ou sa suivante), une nana de quinze ans prénommée Alice et dont on a gardé, jusqu’à aujourd’hui le souvenir vivace.
You don’t call, you don’t call, you don’t call me anymore.
You don’t call, you don’t call, you don’t call me anymore.
The wind was wild, love like a child, we opened doors I cannot close or ignore.
Moment passes, but I’m not past it. Spending nights alone with Alice.
Oh Alice. Pour dire la chose, cela avait plutôt bien marché au début et puis elle ne nous avait pas rappelé et on s’était senti ignoré au dernier stade, proche de la damnation ou de la mort, ce qui revenait au même. Est-ce qu’on n’avait pas assuré après le premier rendez-vous ? Est-ce qu’elle attendait plus qu’un tour de langue ? Est-ce que notre personnalité d’alors l’avait déçue ? Voilà ce qu’exprime très simplement la pop adolescente et synthétique des musiciens de Favours. Le groupe vient de Toronto et est constitué de trois amis, Jacq, Alex et Mark, qui ne font que ça : des titres rétro imparables, insoutenables pour qui a vécu dans les années 80. C’est parfois un peu too much, trop couleur locale, ancré dans un passé désuet mais souvent d’une juste invraisemblable comme si on découvrait l’un des meilleurs groupes des années 80, ignoré en son temps et qu’une bulle spatio-temporelle (ou un fil alternatif) avait libéré pour nous.
Chaque chanson est servie par une pochette rétro et on peut aller écouter ça sur leur Bandcamp ou sur YouTube, puisque le groupe se paie aussi de jolis clips. C’est en tout cas aussi troublant que c’est chelou.