Sin City, Bono et les 40 concerts – U2 du désert à la Sphère (1/2)

U2 - Las Vegas - Sphere

Un peu plus de quatre ans après sa première contribution à Sun Burns Out, Eric Flitti, l’un des fans de U2 (français) les plus acharnés, est de retour chez nous pour évoquer en format panoramique (désert américain oblige) les aventures de U2 et de ses supporteurs au coeur de la capitale du jeu et du vice Las Vegas. A travers un témoignage détaillé, poétique et passionné, Eric Flitti (à la plume et à l’appareil photo en compagnie de son ami Frédéric Gorgol) nous plonge au cœur de l’expérience U2, de la Sphere et de l’histoire inégalable et inégalée du Plus Grand Groupe du Monde. Qu’on aime Bono ou pas, qu’on en soit un observateur enamouré ou distrait, les développements livrés ces derniers mois par la Machine U2 sont parmi les plus fascinants et les plus prometteurs (mais de quoi ?) de l’histoire du rock. Eric Flitti les situe dans la mythologie du groupe irlandais, entre geste artistique, appel du futur et symptôme d’une mégalomanie inévitable.

Article imaginé, écrit et composé par Eric Flitti

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Harmonies du Désert : U2 et la Légende Immuable de Las Vegas

“Pour moi, le lien qui unit U2 au désert transcende simplement le contexte musical; il touche à quelque chose de profondément spirituel et existentiel. Lorsque le groupe s’est immergé dans l’immensité du désert du sud-ouest américain, cette expédition a été le terreau fertile sur lequel l’album mythique The Joshua Tree a vu le jour en 1987. Cette immersion dans le désert ne leur a pas uniquement ouvert les portes d’un nouvel univers sonore, où le rock rencontre le blues et le gospel dans une harmonie singulière, mais elle a surtout initié une quête profondément spirituelle et émotionnelle. L’album, symbolisé par le cactus Joshua Tree sur sa couverture, explore des thèmes de résilience, de spiritualité et de recherche personnelle.

The Joshua Tree n’est pas juste un album; c’est le reflet d’une expérience transformatrice pour U2, où le désert a servi de toile de fond à leur créativité et a renforcé leur statut de stars mondiales. Cet album illustre comment un lieu peut inspirer et transformer l’art, faisant du désert non seulement un espace de solitude, mais aussi une source d’inspiration profonde. Après leurs concerts à Las VEGAS, je suis allé me recueillir au Joshua Tree Parc”  – Frédéric GORGOL

Au cœur du désert de Mojave où Las VEGAS émerge comme un mirage, U2 a puisé dans une veine d’inspiration inédite, transcendant les frontières conventionnelles pour réinventer l’expérience scénique avec une audace et une intensité sans précédents.

L’histoire de Las Vegas, surnommée « Sin City », et sa fondation en 1905 par des pionniers mormons dévoile les contradictions captivantes qui pulsent au cœur de cette métropole scintillante du divertissement. Les liens entre U2 et Sin City font partie eux aussi de cette histoire, avec les performances mémorables en mai 2018 à la T-Mobile Arena, en novembre 2011 au Thomas & Mack Center ou encore le 12 novembre 1992 au Sam Boyd Stadium. Le mariage du chanteur Bono et de Las Vegas évoque une ironie presque poétique. Voir Bono, drapé de deux chapelets, prêcher un message d’une portée quasi biblique en plein cœur de cette capitale du vice est non seulement surprenant mais profondément déroutant.

Cependant, c’est dans cette fusion improbable entre Las Vegas, éternelle affamée de spectacles et d’instants éphémères, et U2, messagers d’une spiritualité puissante et résonnante, que réside la véritable magie. Cette alliance entre la technologie, la musique et la popularité du groupe permet à Las Vegas de ne plus être considéré comme un épicentre du péché, mais comme la capitale mondiale incontestée du divertissement, un lieu où les extrêmes se rencontrent et s’embrassent, forgeant un spectacle inoubliable.

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Las Vegas, ville des lumières éblouissantes et de l’effervescence sans pareille, a toujours été plus qu’un simple décor pour les légendes de la musique ; elle a été leur scène, leur muse. BB King, le « Roi du Blues », n’a pas seulement trouvé un foyer au sein de cette oasis du désert ; il y a tissé un héritage musical indélébile qui a perduré jusqu’à son ultime note. Et puis, il y a Elvis Presley, l’icône inégalée, qui a fait de Las Vegas son royaume, avec une résidence historique à l’Hôtel International marquée par 600 concerts qui ont redéfini le spectacle live, gravant son empreinte à jamais dans l’âme de la ville.

Dans cet écrin de légendes, BB King et Elvis Presley demeurent les phares invisibles, les muses éthérées qui guident chaque accord et chaque performance au sein de la nouvelle merveille architecturale qu’est la Sphère. Leur essence, riche et éternelle, devient la toile sonore sur laquelle U2 tisse avec art des hommages vibrants, mêlant habilement passé, présent et futur dans le tissu de leurs concerts. C’est dans cet esprit que le legs de ces titans de la musique continue de résonner, subtil et puissant, à travers les 40 spectacles de U2 (du 29 septembre 2023 au 2 mars 2024), unissant ainsi les échos du passé avec les harmonies de demain.

Au seuil d’un moment historique, la série des 40 concerts de U2 à Las Vegas se prépare à marquer les annales, non seulement comme une apothéose musicale mais comme la résidence la plus lucrative que la ville lumière ait jamais accueillie. Ce spectacle, promis à une gloire sans précédent, est sur le point de surpasser des légendes comme Céline Dion, dont l’épopée A New Day a ébloui des millions d’âmes et engendré 385 millions de dollars grâce à ses 717 représentations épiques entre 2003 et 2007, et Elton John, dont la magie du Million Dollar Piano, déployée sur 197 shows étincelants de 2011 à 2018, a capturé 131 millions de dollars. La résidence de U2 à Las Vegas a transcendé les attentes, se profilant non seulement comme une célébration de leur empreinte indélébile sur la musique mais aussi comme une manifestation de la puissance magnétique de Las Vegas, le sanctuaire ultime du divertissement en direct.

Las Vegas, toujours prête à se réinventer, a écrit une nouvelle page de son histoire en accueillant à bras ouvert le groupe U2 dans un écrin technologique (la Sphère).  Le groupe irlandais a relevé le défi de redéfinir le panorama du divertissement et de graver leur nom dans le marbre de l’histoire de cette ville éternellement électrique.

Las Vegas, cette métropole au passé énigmatique, a suscité chez U2 une veine créative débordante, culminant dans la composition d’un nouveau single Atomic City. Cette chanson, jouée en rappel lors de leurs concerts à la Sphère, ravive l’écho presque perdu d’un surnom captivant, Atomic City, un héritage des années 1950 teinté de fascination et de frisson. C’était une époque où Las Vegas se muait en un véritable théâtre sous les étoiles, attirant des foules de touristes, à la fois émerveillés et effrayés, venus contempler les essais nucléaires dans le désert aride du Nevada. Ces tests transformaient le ciel en un spectacle surréaliste d’explosions éblouissantes, peignant le paysage d’une lumière aussi somptueuse que sinistre.

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Ces démonstrations, semblables à des feux d’artifice d’un genre macabre, offraient un spectacle à couper le souffle, aussi magnifique qu’alarmant, juxtaposant la beauté terrifiante de la force destructrice de l’homme à la majesté immuable du désert. C’est ce contraste frappant qui a imprégné l’imaginaire collectif, une dualité capturée avec maestria dans ‘Atomic City’. La chanson s’érige comme un pont entre le passé et le présent, faisant vibrer dans ses mélodies et ses paroles le souvenir persistant de ces instants à la fois sombres et fascinants, un écho qui résonne à travers les générations.

U2: Réinventer le spectacle live pour l’ère moderne

À l’aube des années 90, U2 a transformé le paysage du concert rock avec l’éblouissant Zoo TV, un festival d’extravagance multimédia. La tournée ZOO TV qui s’est déroulée de 1992 à 1993, est célèbre pour avoir été l’une des productions les plus innovantes et ambitieuses de l’histoire de la musique live. Elle a marqué un tournant radical pour le groupe, tant sur le plan musical que visuel, et a véhiculé des thèmes complexes reflétant les préoccupations de l’époque (saturation des médias et de l’information, interaction entre la technologie et la société, postmodernisme, guerres, conflits politiques, recherche de sens, déconstruction.). La tournée ZOO TV de U2 était bien plus qu’un concert de rock ; c’était une expérience multimédia complexe qui interrogeait l’époque, ses technologies et ses médias. Elle a marqué l’histoire de la musique live par son audace et sa capacité à réfléchir de manière critique sur la société contemporaine.

Trente ans après, le groupe ambitionne de révolutionner une fois de plus la scène musicale avec une nouvelle production qui puise dans l’énergie de leur album emblématique de 1991, Achtung Baby. Initialement envisagé pour marquer le quarantième anniversaire de cet album, le projet Sphère a rencontré des retards dus à la pandémie du Covid 19 et à des défis techniques.

L’anticipation d’un spectacle dédié à Achtung Baby, considéré par beaucoup comme le sommet créatif de U2, était plus qu’une simple attente : c’était une soif ardente. Cette envie se faisait encore plus pressante, presque poignante, dans le sillage d’une tournée mondiale qui avait vu The Joshua Tree résonner comme un hymne à travers le globe de 2017 à 2019. Cependant, malgré l’ombre imposante de cette précédente célébration, l’espoir d’un hommage semblable pour Achtung Baby persistait, scintillant dans le cœur des admirateurs comme un feu sacré, un témoignage vibrant de sa place indélébile dans l’âme des fans du groupe. Pour une multitude de fans dévoués, l’attente depuis la clôture éblouissante de la dernière tournée de U2 à Mumbai le 15 décembre 2019 a semblé s’étirer dans l’infini. Plus de trois ans et neuf mois (une éternité dans le cœur des fidèles) se sont écoulés depuis ce moment mémorable qui avait marqué les esprits. Certes, pour U2, laisser s’écouler environ trois ans entre les grandes tournées fait presque partie de leur rythme habituel, mais cette fois, la pause a paru trop longue et ceci malgré la tournée solo de Bono à l’occasion de son autobiographie.

Aussi, après des semaines d’effervescence et de spéculations enfiévrées, le pouls des fans du mythique groupe irlandais s’est emballé soudainement le 12 février 2023. Ce jour-là, au cœur de l’effervescence du Super Bowl LVII, une annonce a capturé l’attention du monde entier : U2 a dévoilé, via une publicité télévisée épique (digne d’une bande annonce d’un blockbuster), le lancement de leur très attendue série de concerts « U2:UV Achtung Baby Live at the Sphere « 

Dans l’écrin révolutionnaire qu’est la Sphere, ‘U2 : UV Achtung Baby’, inspiré par le morceau transcendant ‘Ultraviolet (Light My Way)’ de leur album visionnaire de 1991, s’élève pour redéfinir l’essence même du concert rock. Cette odyssée immersive dans l’art et la musique incarne une quête audacieuse pour révolutionner l’expérience live.  Émergent d’une période de silence créatif depuis ‘Songs of Experience‘ en 2017, U2 embrasse maintenant une ère d’auto-célébration. Cette période est ponctuée par l’anniversaire de The Joshua Tree et sa tournée mondiale retentissante de 2017 à 2019, et maintenant, par celui d’Achtung Baby.

Le choix du groupe de plonger à nouveau dans ces deux chefs-d’œuvre, célébrés tant par la critique que par le public comme les fondements de leur légende, transcende une simple rétrospective. Il témoigne d’une ambition de se réinventer et d’explorer des dimensions artistiques inédites, rendant un hommage vibrant à leur riche héritage tout en le propulsant vers des horizons nouveaux et inexplorés.

« Participer à l’expérience unique de voir U2 sur scène, c’est quelque chose que je ne pouvais pas rater, même si cela signifiait devoir économiser pendant des mois. Oui, les coûts étaient vertigineux, avec des prix oscillant entre 1 000 et 2 000 dollars, sans compter l’hébergement. Et pour moi, venant de France, ajouter le prix du billet d’avion à l’addition a vraiment testé ma détermination. Mais, en tant que vrai fan, la question ne se posait même pas. Être sur le floor juste à côté de la scène (après 15 heures d’attente) reste pour moi l’apothéose d’un grand fan. De pouvoir les voir six fois jouer ici la musique de mon coeur comme s’ils étaient dans mon salon est inoubliable. L’aventure s’est prolongée au Venetian Resort.  L’exposition Zoo Station était une révélation : une immersion dans l’univers de U2 à travers concerts enregistrés et documentaires. Chaque projection avait son prix, mais l’expérience en valait la chandelle. 

En rentrant chez moi, certes avec un portefeuille bien plus léger, mon cœur, lui, était lourd d’émotions. Bouleversé, émerveillé, j’avais vécu quelque chose d’irremplaçable. Ce voyage n’était pas seulement une dépense, mais un investissement dans des souvenirs qui resteront gravés en moi à jamais. La musique de U2 a toujours eu ce pouvoir de toucher les âmes, et vivre cela en direct, entouré de cette extravagance, c’était comme voir leurs paroles prendre vie. Malgré le coût, je ne regrette rien. »  Fréderic GORGOL

La résidence du groupe à la Sphère va attirer un éventail éblouissant de célébrités, depuis des légendes de la musique telles que Paul McCartney, jusqu’à des icônes de la télévision et du cinéma comme Oprah Winfrey, Bryan Cranston, Lebron James, Matt Damon, et Jason Bateman. Les figures emblématiques de la scène internationale ne sont pas en reste, avec des personnalités telles que Barack Obama, Zinédine Zidane, et Tom Hanks, ajoutant à l’éclat de l’événement. Ed Sheeran et Snoop Dog apportent une touche musicale contemporaine, tandis que Noel Gallagher marque sa fidélité en assistant au spectacle pour la deuxième nuit d’affilée. La constellation de stars ne s’arrête pas là ; Javier Bardem, Ben Affleck, George Clooney et Tom Brady enrichissent cette liste prestigieuse, témoignant de l’attrait universel U2.

U2 à la Sphère : une odyssée visuelle et sonore au cœur du futurisme

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Dans le sanctuaire futuriste de la Sphère, U2 a établi un jalon historique, inaugurant cette merveille technologique par un spectacle qui défie les conventions. Au cœur de cette immense structure sphérique, le plus grand écran LED haute résolution du monde brille, transformant chaque concert en une expérience révolutionnaire d’immersion totale. Cet exploit marque une première mondiale pour le groupe irlandais, lançant une série de 40 performances époustouflantes qui se déploient majestueusement dans ce temple du divertissement de 2,3 milliards de dollars, véritable joyau d’architecture et de technologie.

Cette enceinte spectaculaire est reliée au Venetian, joyau parmi les complexes de jeu les plus luxueux et tentaculaires de la ville, par une passerelle couverte, elle-même une œuvre d’art, revêtue d’une moquette sur mesure qui semble guider les privilégiés vers un autre monde, un univers où musique et magie s’entremêlent.

Émerveillement architectural et prouesse technique, la Sphère se dresse comme un monument intergalactique aux abords de l’effervescente Las Vegas. Dotée de plus de 1,2 million de diodes électroluminescentes, elle brille de mille feux, offrant un spectacle visuel sans précédent. Initialement prévu à Londres, le projet de cette salle de concert hors norme a été déplacé de l’autre côté de l’atlantique pour éviter aux londoniens une trop grande pollution lumineuse. Dans une ville déjà célèbre pour ses extravagances, des canaux vénitiens reconstitués aux répliques de la tour Eiffel, la Sphère éclipse toutes les autres attractions de Las Vegas. Elle s’impose comme la structure la plus saisissante, la plus retentissante et la plus éclatante, définissant le panorama de cette cité des plaisirs avec son allure futuriste. Imaginez, la sphère est même visible depuis le barrage Hoover à des dizaines de kilomètres du Las Vegas Strip.

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C’est donc à l’est du Las Vegas Strip qu’un univers hors du commun se déploie, où chaque détail est conçu pour captiver et hypnotiser. Ici, l’expérience transcende le simple spectacle pour devenir une immersion totale, un voyage entre les dimensions gigantesques d’un concert XXXXXL et l’évasion cosmique d’un planétarium aux allures dantesques. Dans ce lieu, le public est littéralement englouti, avalé dans un espace où la réalité se fond dans le fantastique, créant un compromis spectaculaire entre musique, art et technologie avancée.

La Sphère est le fruit de l’ambition des magnats de la Madison Square Garden Company, à l’origine du célèbre Madison Square Garden de New York, arbore un spectaculaire écran LED externe de 580 000 pieds carrés. Avec une hauteur impressionnante de 157 mètres et une superficie de 81 000 mètres carrés, La Sphère se distingue par une façade extérieure dotée d’un écran révolutionnaire LED de 580 000 pieds carrés capable de se métamorphoser en représentations spectaculaires de la planète Terre, de Mars, ou même en un smiley géant.

La nuit, tel un phare du futur, la Sphère s’illumine, projetant une myriade d’images – depuis les publicités pour Xbox jusqu’aux visages souriants d’emojis qui clignent de l’œil, sourient, affichent un regard intense ou expriment la surprise avec des sourcils haussés. À l’intérieur, un vaste écran circulaire de 162 000 pieds carrés englobe la vision périphérique des visiteurs avec une telle précision que l’expérience visuelle devient aussi enveloppante que la qualité sonore exceptionnelle qui emplit l’espace, créant une immersion sensorielle sans précédent.

Les caractéristiques de cette salle sont stupéfiantes, flirtant avec l’extraordinaire  : un auditorium pouvant accueillir 18 600 spectateurs, niché au cœur d’une sphère gigantesque de 112 mètres de hauteur pour 157 mètres de diamètre. Les 2,3 milliards de dollars déployés pour sa réalisation ont permis d’installer une façade en écran LED qui s’étend sur 54 000 mètres carrés, complétée par un système de projection intérieure à la taille modulable. La qualité d’image atteint des sommets avec une résolution 16K, équivalente à celle de l’IMAX, offrant ainsi une netteté quatre fois supérieure à celle des films HD projetés dans les cinémas traditionnels. Quant au système sonore, il intègre le nec plus ultra des technologies actuelles, promettant une expérience audio d’une richesse inégalée.

Son système sonore, composé de 1 586 haut-parleurs, promet une expérience acoustique enveloppante, tandis que sa hauteur vertigineuse de 112 mètres, équivalente à celle d’un immeuble de 35 étages, domine le paysage urbain. L’innovation sonore n’est pas en reste grâce au système audio 3D de Sphere, offrant une clarté et une précision acoustique exceptionnelles à chaque siège, donnant l’impression que Bono nous murmure la chanson à l’oreille.

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Les concerts de U2 étaient déjà réputés pour leur utilisation innovante de contenus vidéo en 4K. Cependant, ce que propose la Sphère dépasse largement les normes établies, s’aventurant dans un « territoire inexploré ». Par exemple, l’écran exige que l’équipe de U2 transfère entre 200 et 300 gigaoctets de données à la minute. Pour ajouter à la complexité, l’équipe technique a dû transférer plus de 500 téraoctets de séquences vidéo d’archives, traitées au Royaume-Uni, vers les serveurs du site à Las Vegas. Durant les spectacles, c’est environ 402 gigaoctets de données qui sont diffusées chaque seconde sur l’immense écran de la Sphère, accompagnés de 164 000 canaux audio en simultané. Il y a eu des concerts avant U2 mais la résidence du groupe irlandais à Las Vegas établira un nouveau standard. Ayant vu récemment Depeche Mode à l’Accor Arena, je  confirme qu’après avoir assisté aux concerts à la Sphère, on ne vit plus les expériences scéniques comme avant.

En entrant dans la sphère pour la première fois, le premier réflexe est de regarder le plafond. Au-dessus de notre tête, un plafond massif en forme de dôme a été conçu pour donner l’impression que vous vous trouvez dans un silo à grains industriel construit à une hauteur vertigineuse. Selon l’endroit où l’on est assis, il est pratiquement impossible de tout saisir.

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La résidence à Las Vegas de la bande à Bono a été orchestrée avec une précision inégalée. Des sonorités envoûtantes aux séquences d’images vidéo à couper le souffle qui défilent à perte de vue, chaque élément a été conçu pour émerveiller. Pourtant, au cœur de ce spectacle grandiose, c’est l’exceptionnelle synergie entre musiciens, artistes visuels, designers et équipes techniques qui a tissé cette toile spectaculaire, assurant une cohésion sans faille dans ce ballet d’innovations.

Ce spectacle se distingue par la collaboration d’illustres artistes visuels et conceptuels tels que Es Devlin, Jenny Holzer, John Gerrard, Marco Brambilla. Ces contributions se mêlent dans une alchimie unique, propulsant l’expérience bien au-delà d’un simple concert.

La trajectoire qui nous a portés du premier concert pop d’envergure, souvent perçu comme chaotique au Shea Stadium, où les Beatles luttaient pour être vus ou entendus au milieu d’une foule en frénésie, jusqu’à nos jours, couvre à peine six décennies. Cette réflexion met en lumière le progrès spectaculaire réalisé dans la technologie des concerts, visant à enrichir l’expérience de tous, artistes et spectateurs inclus.

2ème partie (la semaine prochaine)

Photos : Eric Flitti et Frédéric Gorgol

Partie 2

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3 Comments

  1. says: Li-An

    Un vrai cauchemar pour écolo. On a un peu de mal à imaginer la pertinence d’une telle accumulation de dépenses énergétiques pour un évènement musical – sans compter le bilan carbone des spectateurs.
    En fait, ce compte rendu m’a fait penser à un ouvrage SF de Iain Banks « Les Enfers Virtuels » où des personnages se retrouvent dans un enfer créé à leur intention.

    Le plus étrange, c’est que ça ne ressemble pas tout à fait aux chroniques que je lis ici habituellement. Un peu comme un compte rendu d’un concert de Chantal Goya dans un numéro des Inrocks période années 90. Je suis quand même content pour le fan. Pour le coup, il a dû se croire au Paradis 🙂

    1. Merci pour le commentaire. C’est effectivement une contribution atypique par rapport à nos publications mais il nous a semblé que le témoignage « gigantic » d’Eric, qui nous lit et qui suit « le plus grand groupe du monde » avait une vraie valeur documentaire sur ce phénomène en plus d’être passionné et enamouré. Ce n’est pas parce qu’on écoute plutôt des groupes plus modestes ou moins renommés qu’on ne peut pas être fasciné (sociologiquement parlant, presque) parce que U2 met en oeuvre. On se rejoint évidemment sur la lecture de la chose : Vegas, ces investissements, ce gigantisme, les écrans. Le rapprochement avec Iain Banks est particulièrement bien vu. On continue la série avec l’épisode 2 cette semaine : et ça va reparler dispositif mais aussi musique car U2 est aussi un groupe qui joue plutôt pas mal.

      1. says: Li-An

        Oh, je ne dirai pas du mal de U2. En tant que vieil auditeur de Lenoir, je les ai découvert avec Boy et j’ai adoré jusqu’à Joshua’s Tree. Après, je suis passé à autre chose 🙂 Je n’ai aucun fétichisme pour les vieilles gloires. C’est un peu pour cela que je suis ce blog.

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