L’information n’aura certainement pas échappé à la poignée de fans qui suivent avec ferveur la discographie des frères Kadane : le 28 avril dernier, The New Year brisait neuf longues années de silence avec la parution de leur quatrième album via la structure allemande Grand Hotel Van Cleef pour l’Europe et le label Undertow partout ailleurs.
Fondé en 2001 sur les cendres encore brûlantes de Bedhead, la fratrie continue de creuser le sillon ouvert lorsqu’ils exerçaient au sein de l’un des groupes fondateurs (pour ne pas dire fondamentaux) du slowcore, trop souvent rejetés dans l’ombre de Codeine. Il suffira de se replonger dans l’indispensable coffret compilatoire réunissant les trois albums (et presque tous les EPs) du groupe texan publiés entre 1991 et 1998 ou encore écouter le live à Chicago en 1998 (couché sur disque en 2015 par Numero Group) pour comprendre que Snow est dans la lignée des précédentes œuvres de Bubba et Matt, que ce soit avec Bedhead ou avec The New Year.
Ces dix nouveaux morceaux, qu’on ne peut toujours pas qualifier de chansons, car même si le chant reste une composante majeure de leur musique, la forme s’en affranchie totalement, sont le fruit d’une maturation lente, de longues soirées à composer, à faire puis à défaire. Car le duo n’aime rien tant que la soustraction pour tendre vers l’épure. Ce quatrième album dans ce format scelle ainsi un aboutissement, si ce n’est le parachèvement de leur œuvre. Sur un train de sénateur, les chansons sourdent de colère et de rage, car bien que certains malentendants aient rangé par fainéantise Bedhead / The New Year dans la catégorie des groupes lénifiants, la tension est toujours sous-jacente, en embuscade – en atteste Recent History en écoute ci-dessous. L’économie de sonorités, la parcimonie des notes et la retenue tissent l’écrin de ce qui devrait devenir un classique du genre.