On attendait avec une certaine impatience le retour de notre chouchou et découverte de l’an dernier, Vagina Lips, dont le nouvel album est sur les rails et devrait débouler prochainement. C’est désormais chose faite avec la mise en ligne d’un premier morceau, It All Ends, qui constitue… un bon début mais évidemment un début frustrant pour ceux qui aiment entendre la voix du bonhomme.
En effet, plutôt qu’un de ces singles tonitruants dont les marketeux ont le secret, notre ami grec a choisi de lancer en éclaireur un morceau à la mélodie irrésistible, entre My Bloody Valentine des premiers temps, Ride en apesanteur et new cold wave mancunienne où la voix est délicieusement engloutie par les guitares et les effets spéciaux. Retour de flamme shoegaze, basse souveraine et guitare 80s, tout l’univers du chanteur grec est en place et produit son effet magique, comme il le faisait sur Generation Y. Ça hante, ça habite et ça flotte comme dans un songe d’outre-tombe; ça enchante et ça frustre. En bref, ça titille et ça excite et c’est en définitive plutôt bien joué pour faire monter l’attente. On conseillera le morceau à ceux qui, sans trop de rapport mais les esthétiques s’accordent à merveille, qui ont entrepris la lecture du White de Bret Easton Ellis. Vagina Lips est de cette trempe là : un type qui fait passer la pop pour une symphonie, un compositeur qui fait de l’ultra-moderne avec des procédés hérités de l’Ancien Monde, un créateur d’ambiance où la froideur et l’humanité se partagent l’espace comme en garde alternée.
On ne sait même pas si le prochain album sera physique ou numérique, s’il sortira chez Inner Ear Records ou ailleurs. Pendant son temps libre, Jimmy Polioudis continue de travailler sur son groupe… en grec. Ça s’appelle Mazoha et c’est aussi très bien. Le parallèle avec Motorama est évident. Il y a le côté pile pour l’export et le face pour l’ombre et le marché local. Des deux côtés on peut y trouver son compte. Ou préférer la tranche. Tout est bon chez Vagina Lips.
Comme si cela ne suffisait pas, voici que Jimmy Polioudis poursuit son oeuvre gigantesque de reprise de toutes les meilleurs chansons du monde et ajoute le There Is A Light That Never Goes de The Smiths à son palmarès. Et quelle reprise ? Un préambule allongé et somptueusement bas, des séquences audacieuses. Comme on dit à la Nouvelle Star, « le gars s’est remarquablement approprié le morceau ». L’originel est intouchable et indépassable mais la reprise de Vagina Lips est l’une des plus réussies et pertinentes qu’on a jamais entendues. L’arrangement est subtil, très cold wave mais ne dénature pas le sens du trajet (en bus à double étage) et conserve tout le romantisme tragique du texte (et du chant) de Morrissey. Ce titre est en tout cas, l’un des plus chouettes de la collection dont on avait causée avec Simple Minds, il y a plusieurs semaines.
Vagina Lips n’a pas d’équivalent entre Péloponnèse et Thessalonique.