Capture d’écran du clip
On ne sait pas qui de la musique ou du clip réalisé par Roxane Gaucherand l’emporte sur ce single de rentrée de Maud Geffray. La chanteuse (sublime ici) et compositrice électronique a annoncé, sans qu’on s’y attende spécialement, la sortie de son nouvel album, très attendu par ici, et dont on avait eu l’occasion de discuter avec elle il y a quelques temps. Geffray n’est pas restée inactive depuis la sortie de son premier album solo, Polaar, en 2017 puisqu’elle a aussi sorti des disques live et des rééditions avec Scratch Massive, signé des BO et rendu un bel hommage à Philip Glass en compagnie de la harpiste Lavinia Meijer. Tout ceci s’est fait avec des apparitions brillantes sur scène, en concert ou dans des installations plus ou moins pointues. Mais c’est évidemment seule et à nue qu’on l’attendait un peu plus, avec le successeur d’un disque fin, sensuel et froid comme la flamme/femme qui avait marqué ceux qui la suivaient au sein de son duo galactique.
Break résonne comme une fenêtre ouverte sur un disque annoncé comme tout proche maintenant et qui sortira sur le label Pan European Recording. Le morceau se passe de commentaires tant il semble coller à l’ADN de l’artiste, sublimé (il ne faut pas négliger ici le pouvoir de l’image, sublime et indissociable du son) par le film* qui l’accompagne. Geffray y prend du galon de chanteuse, osant dès l’entame un chant beaucoup plus ambitieux et technique que sur ses précédents titres. Sa voix s’envole et tient la note avec une voracité/vivacité qui impressionne, tandis que l’électronique se détend sur la seconde moitié du morceau pour mêler émotion, finesse et efficacité. Le titre parle tristesse et amour, sans qu’on en cerne (après quelques écoutes seulement) totalement les contours.
L’image nous détourne et nous retourne sur cette étrange rencontre où motos et passion entre travailleur(e)s à l’identité sexuelle digne d’Orlando se mêlent autour d’une ferme avicole habitée par les dindons et ce qui ressemble à un autruchon. C’est beau, sensuel, irrésistible. Les acteurs sont splendides de bout et bout et donnent à l’ensemble une densité extraordinaires, au point qu’on en vient à douter que film et musique racontent la même chose. Peu importe le texte, c’est le mouvement qui compte. Le titre s’envole sur une mélodie synth pop qui fleure bon les années 80, mais sans perdre en sophistication et en mystère. L’ensemble donne envie d’être une femme pour aimer d’autres femmes ou tout simplement un humain dégagé de la prison (dorée) des genres. Ce n’est sans doute pas le plus bizarre des effets produits par cette musique qui rend amoureux, de rien et de tout à la fois, qui rend jeune et qui rend beau. On a hâte d’écouter ce qui vient.
* Réalisé par Roxanne Gaucherand et interprété par Emax Lamoulie, Gio Ventura & Etienne Godart.
Emax et moi (Gio) ne sommes pas des femmes
Mais n’hésitez pas à aimer d’autres femmes malgré tout
Cher Gio, nous nous sommes un peu amusés pendant quelques heures autour de cette belle ambiguïté, histoire de rendre justice à l’oscillement du clip. Le texte vient d’être légèrement retouché pour ne pas vous gêner plus. Bravo en tout pour cette magnifique vidéo.