La coquille vide d’Umberto est bien pleine (de bile)

Umberto - Black BileMême s’il n’ a pas chômé ces dernières années, enchaînant notamment les BO pour plusieurs films comme Archenemy ou encore Loveseat (disponibles sur son Bandcamp, en K7, vinyles, etc), mais aussi avec Law Unit, un album concept pour une série policière… qui n’existe pas, Black Bile sera techniquement le prochain LP de l’Américain Umberto, et le successeur, 5 ans plus tard, de son splendide Helpless Spectator.

Le disque (bile noire, en français) fait référence à la théorie des 4 humeurs du Moyen-Age, qui fait se côtoyer la bile noire, la bile jaune, le sang et la lymphe, au centre de nos passions. C’est avec la première, autant dire le centre de la tristesse et de la mélancolie, qu’Umberto choisit de nous faire traverser l’automne. Prévu pour une sortie fin août, l’album ne risque pas de rafler le marché des tubes de l’été. Composé principalement autour de mélodies à 2 notes…. dont le compositeur (oeuvrant ici souvent au piano) a choisi, après mûre réflexion, d’ôter toute forme d’afféterie et d’enluminure, Black Bile est ce qu’on peut appeler un disque « à l’os », squelettique et ultra minimaliste. Umberto qui s’est fait connaître avec des œuvres finalement plutôt baroques et tournées vers les BO de films d’horreur, explore depuis deux ou trois albums maintenant une autre voie qui passe par l’ellipse et la soustraction.

Le résultat qu’on peut entrevoir à travers les deux premiers morceaux révélés, October et Empty Shell, est splendide, immersif et assez fascinant. Techniquement, Umberto a enlevé des pistes, des sons et des notes après les avoir enregistrés ce qui conduit à une étrange sensation d’espacement entre les motifs, dans lequel s’infiltre la lumière, des rayons d’espérance ou des soupirs. Le morceau Empty Shell est à cet égard littéralement « porté par son nom » puisqu’on perçoit assez exactement l’espace laissé entre le corps disparu (la matière vivante, de l’escargot, du mollusque, du monstre, du coeur qui bat) et le nacre de la coquille. C’est cet espace, ce silence qui pétille et frissonne sous les quelques notes de piano qu’Umberto égrène. Sur October, la sensation est encore différente, presque religieuse et solennelle mais aussi propice au voyage et à la balade. Une guitare juste pincée vient ajouter une touche/teinte d’exotisme et d’aventure dans un paysage qu’on image aussi bien californien que toscan.

On ne sait pas si Umberto entame avec ce Black Bile un cycle ou s’il s’agit d’un développement unique. Comme pour le précédent disque, c’est Thrill Jockey qui héberge et on a hâte d’écouter cela en entier, même si on pourra regretter que l’édition physique du disque se limite au vinyle.

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D’Umberto à Umberto : le meilleur musicien pour le pire des mondes

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