Earthling rebranche son Radar pour son 25ème anniversaire avec Portishead et ses amis

Earthling - 1st TransmissionL’histoire aura retenu du trip-hop les premiers pas de Portishead (Dummy en 1994) et de Massive Attack (Blue Lines en 1991, Protection en 1994), ainsi que les premiers éclats de Tricky, échappé d’entre les rangs des seconds et son Maxinquaye (1995). Cette même année, le “mouvement trip-hop” livraient deux autres pépites qui, à travers les décennies, continuent de rivaliser aisément avec les meilleurs albums des précédents. Le Cold Water Music de Aim, dont on a plus que causé ces dernières semaines, côtoie Radar de Earthling parmi ces outsiders magnifiques du trip hop anglais, que l’histoire a injustement mis au second rang des honneurs.

Plus hip-hop que les précédents, plus joueur, mais tout aussi virtuose, formidablement écrit et mis en mots, interprété avec fougue et l’enthousiasme de la jeunesse, dégageant une énergie tout bonnement exceptionnelle, Radar est le fruit de la rencontre du producteur musicien Tim Saul qui gravitait lui-même dans l’orbite des Bristoliens et de Michael Giffts aka Mau ou Maik, jeune rappeur black et londonien dont on ne va pas vous faire l’injure de rappeler l’itinéraire et bien entendu l’arrivée en France au sein des collectifs Telepopmusik, Tristesse Contemporaine ou encore Camp Claude. Dans notre hiérarchie des rappeurs anglais, on a toujours tenu (depuis l’époque Earthling), Mau pour l’une des meilleures plumes du marché et l’un des rappeurs au flow le plus abouti, fluide et souple de la sphère hip-hop, un virtuose à la légèreté splendide et à l’impact admirable. C’est l’alliance de ces deux hommes qui fait d’Earthling un groupe incroyable et de Radar, leur première collaboration, un coup de maître jamais tout à fait égalé. Radar rencontre un succès immédiat mais la carrière du groupe est étouffée dans l’œuf quand leur maison de disque refuse en 1997 leur deuxième disque, Humandust, pourtant lui aussi remarquable, car elle le jugeait trop sombre. Le disque sortira peu après sur Chrysalis mais le moment d’Earthling est passé et les deux hommes se séparent assez vite. A la surprise générale, ils se retrouvent en 2010 pour un dernier round, Insomniacs’ Ball, encore moins commercial et qui passera (ce n’est pas un jeu de mots cheap) pour le coup vraiment sous les… radars.

Mau et Tim Saul décident toutefois de fêter dignement l’anniversaire de leur premier disque (25 ans après) et ont repris une activité sur les réseaux, proposant enfin (il avait disparu), le clip original (tourné à Londres à Speakers’ Corner dans Hyde Park) mais aussi un premier ensemble de remixes du génial 1st transmission, proposés par rien moins que Portishead et Morcheeba. Les deux remixes sont assez réussis mais s’inclinent, avec les honneurs, face à l’évidence rayonnante de l’original. On ne résiste jamais à plaquer les textes en fin de billet et on ne s’en prive pas cette fois encore avec ce petit extrait du texte fabuleux lancé par Mau sur ce morceau. Le reste est tout aussi bien.

I’m rock
I’m roll
Nat King Cole
Shostakovich drowning in a fish bowl
Earthling something you can never get a hold of
Baby took a load off
And then she strolled off
Whistling
Hummin’
Thumbin’ a ride
“Driver won’t you take me to the other side?”
I’m a book
A poem
By Leonard Cohen
Son of the Dice Man
And I won’t stop throwing
I’m Boris Karloff
The Man They Could Not Hang
I’m a ruffneck romantic
Talkin’ that slang
I’m Jesus Christ superstar
Driving around in an old yellow car
I’m jumping on the balcony
Landing on a bigger man
I can fly
I fly to Japan
Hail stones falling on my dreads
Reminding me of something Hendrix said

On reparlera évidemment de Earthling et de son Radar au fil de l’eau.

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3 Comments

  1. says: Li-An

    Plus qu’à le réécouter. J’ai fait un gros trip trip-hop (ah ah) il y a quelques temps et j’avais laissé celui-là de côté. On va lui redonner une chance.

    1. says: Dorian Fernandes

      Moi je vais me fader tous les Morcheeba, après avoir ré-écouté tout Massive Attack avant leur concert. Earthling passera avec. Excellents remixes d’ailleurs, tout aussi bon que l’original je trouve.

      À écouter aussi, cher Li-An : Theis Thaws, un projet collectif de Tricky ; et l’excellent Jon Kennedy, qui fait tout cela en complète autarcie .

      1. says: Li-An

        Pour ce qui est de Tricky, j’écoute tout ce qu’il sort – il a l’avantage de ne pas faire du “pur” trip-hop et d’avoir un pied à côté (vu il y a longtemps en concert à Orléans et c’était un peu décevant). Morcheeba, je n’ai étrangement jamais accroché. Merci tout de même pour ces piqûres de rappel 🙂

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