On aime bien Nick Cave mais, pour dire la vérité, on trouve ce nouveau morceau tiré du futur Wild God qui sortira le 30 août assez mauvais. La voix accroche un peu et nous irrite le pavillon (Nick Cave a déjà mieux chanté), l’accompagnement est répétitif et sans amplitude et l’ensemble plutôt ennuyeux. Paradoxalement le texte est plutôt cool et notamment grâce à cette image poétique des grenouilles qui sautent dans le ruisseau. Une bonne pluie, un dimanche tristoune et l’amour/soleil/divin qui vient illuminer l’affaire. Même si on se fatigue un peu de cette association entre lumière/dieu/la nature et de cette religiosité panthéiste qui envahit la pop, Nick Cave a pour lui que ce n’est pas si nouveau chez lui (il fait ça depuis ses débuts ayant néanmoins basculé depuis la mort de son fils, d’une vision sombre à une vision claire de la bonne parole), voire partie inhérente de son art depuis 30 ans. Bref, Frogs fait figure de chanson qu’on skippera sur le CD quand on l’aura en main mais peu importe.
In the Sunday rain
Hop inside my coat
In the Sunday rain
The frogs are jumping in the gutters
Uh, leaping to God, amazed of love
And amazed of pain
Amazed to be back in the water again
In the Sunday rain
In the Sunday rain
L’occasion était trop belle pour se payer une playlist Grenouilles, histoire de rendre hommage aux apparitions bien plus sympas du batracien dans notre univers de référence. On vous la fait simple (pas plus de 7 ou 8 titres) pour ne pas pousser la cabotinage trop loin mais oui, la grenouille est bien utile aux poètes chanteurs et pas uniquement, comme on le croirait, pour casser du frenchy.
1. Flaming Lips – I Can Be A Frog
On commence par cette chanson des Flaming Lips pour son titre même si la grenouille n’est qu’un animal parmi une longue liste (celui par laquelle Wayne Coyne démarre) des créatures en lesquelles peut se transformer son amoureuse. Oui, les jeunes femmes quand on les aime sont capables de prendre toutes les formes connues et de nous séduire avec force, grâce, etc à l’image de la jeune brunette qui figure dans le clip du groupe. I Can Be A Frog se trouve sur l’album Embryonic.
2. Lou Reed – Every Frog Has His Day
Il y a deux morceaux grenouilles sur l’album The Raven de Lou Reed : Every Frog Has His Day et Hop Frog. The Raven est une horreur qui s’écoute, mélange de titres inspirés d’Edgar Poe et revisités par Lou Reed, textes contes poétiques écrits par le chanteur lui-même et si on se souvient bien, la production a fourré quelques reprises de classiques pour faire bonne figure : un beau n’importe quoi, quelque peu prétentieux, qui accueille néanmoins des collaborateurs prestigieux comme Bowie ou Willem Dafoe. Ca vaut bien une cuisse de grenouille.
3. The Doors – Peace Frog
On peut être un roi lézard et chanter les grenouilles. Voilà un titre excellent et bien en vue sur l’album Morrison Hotel. L’inspiration de Peace Frog est assez complexe, le texte reprenant plusieurs anecdotes/références plus ou moins autobiographiques : une représentation de l’avortement, un accident survenu sur une autoroute où le jeune Morrison aurait contemplé des cadavres d’indiens et une rencontre plutôt sexy avec une nana paisible et qui a peut-être donné son nom à cette Peace Frog. Même si on n’y comprend pas grand chose (pourquoi ce sang ?), les images sont belles, fortes et doivent bien vouloir dire quelque chose quelque part.
4. Belle and Sebastian – Funny Little Frog
On va finir par croire que Belle and Sebastian a une chanson pour chaque playlist. Funny Little Frog n’est pas un chef d’oeuvre. Tirée de The Life Pursuit, c’est une chanson affreusement légère, positive et amoureuse. Elle est si enjouée que l’écouter trois fois de suite nous donne envie de divorcer ou de nous pendre, mais il faut lui reconnaître un certain charme vintage. Allez, on peut reproduire un extrait du texte, histoire de conserver une bonne humeur. Chantez avec Stuart :
You’re my picture on the wall
You’re my vision in the hall
You’re the one I’m talking to
When I get in from my work
You are my girl and you don’t even know it
I am livin’ out the life of a poet
I am the jester in the ancient court
And you’re the funny little frog in my throat
5. Burl Ives – Mr Froggie Meet A Courtin
C’est exactement pour cette raison qu’on réalise ce genre de playlists : l’occasion d’évoquer la figure du génial Burl Ives, acteur chanteur américain disparu en 1995 (85 ans) dont chaque apparition dans un film (la Forêt Interdite de Nicholas Ray ou La Chatte Sur Un Toit Brûlant de Richard Brooks) ou chaque disque vaut le détour. Son Mr Froggie figure sur l’album A Twinkle In Your Eyes, compilation indispensable qui permet d’apprécier son talent de chanteur et son sens de la pop. Ceux qui préfèrent les chansons plus sérieuses se jetteront sur son Greatest Hits and Finest Performances qui n’est pas moins bon que n’importe quelle compilation de Sinatra. Burl Ives est un grand chanteur et tant mieux pour les grenouilles.
Comme on est sympa, on vous met ici la version d’Elvis Presley, captée lors d’un échauffement vocal. Ce Mr Froggie a été interprété par les plus grands.
6. Peter Gabriel – Kiss That Frog
Alors que Pavement et bientôt Nirvana déferlent sur l’Europe, Peter Gabriel envoie Us, une production Daniel Lanois qui sonne encore comme un effort (un dernier râle) des années 80 finissantes. Ça donne un quatrième single, Kiss That Frog, un titre qui se ramasse dans les charts et dont on se souviendra parce qu’il a été inspiré au chanteur par la lecture de Bruno Bettelheim et sa Psychanalyse des Contes de fées. Gabriel raconte ici à sa manière le conte du Prince Grenouille, des Frères Grimm, histoire bien connue (variante de la Belle et la Bête) où la grenouille se transforme en prince charmant quand – au choix et selon les versions – la princesse le fracasse contre le mur (version gothique 1ère période) ou l’embrasse avec la langue (version ultérieure). Dans tous les cas, grenouille rules.
7. Frank Zappa – Frogs with dirty little lips
Pour tout avouer, on a toujours trouvé cette chanson de Frank Zappa, inquiétante et un poil glauque. Enregistrée avec un de ses fils, le titre est étrange, bancal et s’intègre assez mal dans un album, Them or Us, dont on a toujours eu du mal à saisir le propos. Les arrangements (ce « choeur de l’armée rouge » et ces notes de guitares) sont curieux, de même que le fond « jungle » ou « marécage »….. bref, un truc unique et tout de même quelque peu effrayant.
8. The Wiggles – A Frog Went Walking
On termine quand même par un petit hommage aux chansons pour enfants avec les fringants australiens, The Wiggles. Le groupe composé de vrais bons musiciens et chanteurs a été célèbre dans les années 90 et est peut-être même toujours en activité. Ils ont plusieurs titres… sur les grenouilles mais ce A Frog Went Walking et le plus court, le plus rock et le plus… digne.
9. Alice in Chains – Frogs
Allez, la meilleure chanson de grenouilles de tous les temps, c’est peut-être le Frogs Unplugged d’Alice in Chains. Ca ne parle pas du tout de grenouille mais c’est angoissant, et triste, et existentiellement lourd à porter. Pourquoi est-ce qu’il doit en être ainsi. Why does it have to be this way ? A grenouille, grenouille et demie. Why does it have to be this way ? Si Nirvana avait fait une chanson sur les grenouilles, ça aurait pu ressembler à ça.
Crédit photo : Zdeněk Macháček sur Unsplash
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