Elle est belle, toute fraîchement livrée par son concepteur cette playlist In The Trip #4. Denis présente ci-dessous les 12 chansons réunies dans la playlist ci-dessus…
01 – High Vis – Minds A Lie
Le nouveau single de High Vis, c’est le soleil qui refuse de capituler parce que la brûlure de l’été marque encore l’épiderme, la jeunesse qui refuse d’abdiquer parce que la fougue gronde toujours. Mais les Anglais ont beau faire les fiers à bras et haranguer avec leur gouaille de banlieusards, ces petites frappes se font retourner par une beauté dont le feulement les fait se pâmer. Plutôt que d’asséner un coup de griffe, ils finissent par ronronner de plaisir.
02 – Gift – Later
Les nouveaux locataires de Captured Tracks rappellent enfin les tauliers de la première ère du label new-yorkais (Beach Fossils, DIIV, Wild Nothing). Autant dire que pour l’originalité, il ne faudra pas considérer GIFT comme un cadeau de la Providence. Tout est ici référencé et soigneusement mis en œuvre pour agencer les composantes shoegaze. C’est fait avec suffisamment de talent pour être comparé au A Storm In Heaven de Verve (1993) avec des embardées de batteries soutenues par des cordes insistantes.
03 – Split Diopter – Navel Gazer
La référence peut vite virer à la déférence et la relecture au plagiat. Le cas de Split Diopter, qui comprend des membres de TWINS, frise à cet égard la correctionnelle, tant le single Navel Glazer sonne comme un explicite hommage à Depeche Mode. On peinerait à pointer ce qui discrimine le trio d’Atlanta des vénérables Britanniques. N’en reste pas moins que c’est une putain de chanson.
04 – The New Romantics – Control
Le énième projet de Brandon Biondo, activiste basé dans le Tennessee croisé auparavant avec Royal Bangs (4 albums chez City Slang) ou Coolrunnings (passés par Beko et Too Pure Records), s’appelle The New Romantics et respecte les canons de la Synth-Pop. L’Américain s’applique à prendre ses distances avec ses contemporains. Et avec quiconque en général en campant une posture martiale. Un peu déférent, terriblement catchy.
05 – RVG – Don’t Take it Badly
A peine arrivés jusqu’à nous avec leur 3éme album, les Australiens de RVG claquent déjà un nouveau single toujours porté par le chant de Romy Vager habité, écorché et androgyne. Tout ici tangue et la mélodie a vite fait de valdinguer en s’effondrant sur elle-même. On imagine facilement le quatuor avaler les kilomètres dans un vieux van, donner un concert dans un rade qui sent la bière et le désœuvrement, picoler bien trop et reprendre la route au milieu de la nuit.
06 – Plastic Estate – Speak to Me
Retour à une ambiance plus synthétique et policé avec Plastic Estate. Manifestement le duo voue une adoration sans faille pour The Blue Nile, au regard de ce single avant-coureur de leur album à paraître sur le toujours bien inspiré label italien AVANT!. Dans cette position tenue entre inspiration et incarnation, il est intrigant de constater les ressemblances avec Private World (auteur d’un album en 2020 sur DAIS), lui aussi originaire de Cardiff au Pays de Galles.
07 – Motorama – Caerus
Que deviennent-ils ? Sont-ils toujours à Rostov sur le Don ? Comment vivent-ils depuis la ligne de front ? Depuis 10 ans que la guerre a éclaté, je m’interroge à chaque écoute de Motorama. Pour autant, la bande menée par Vladislav Parshin continue inlassablement à faire la même chanson, sans renonciation et en conservant toujours la même fraîcheur qui accroche les c(h)œurs. En espérant que ce soit bien une comptine pour saluer la résilience des peuples slaves, plutôt qu’un chant guerrier.
08 – Orcas – Wrong Way to Fall
Rafael Anton Irisarri et Benoît Pioulard auront mis plus de 10 ans pour donner une suite à leur projet Orcas, leur troisième album paraissant enfin sur Morr Music. Alors que le duo avait fait un détour par Twin Peaks, le voilà sorti du brouillard pour profiter des rayons automnaux du soleil. Si le chant est toujours aussi doux, l’instrumentation post-rock secoue sèchement la mélodie.
09 – Marlin’s Dreaming – Country Plains
A l’autre bout du monde, Marlin’s Dreaming continue sa vie, tranquillement, entre une mini tournée en Nouvelle-Zélande et quelques concerts en Australie pour promouvoir leur quatrième album. C’est de nouveau un réquisitoire pour mélodies lumineuses et arrangements soyeux, chacun des quatre musiciens privilégiant l’économie de moyens : rythmique au balais, chœurs tout en retenue, ligne de piano moderato et cette fois-ci, un harmonica essoufflé. Une merveille.
10 – The Innocence Mission – This Thread Is A Green Street
On leur souhaite la même longévité que The Innocence Mission. Depuis 1985, le trio américain fait peu ou prou toujours la même chanson, et le chant enfantin de Karen Peris n’en est en rien altéré. Soutenu par une guitare sèche et un tambourin, la mélodie angélique se retrouve au final propulsée dans les cieux. La messe est dite.
11 – Clinic Stars – I Am The Dancer
Ça fait une éternité qu’on ne s‘est pas entiché d’une production Kranky, mais le label de Chicago vient enfin de trouver le chaînon manquant entre Bowery Electric et MJ Guider, deux de ses plus fameuses réalisations féminines. Extrait du premier album de Clinic Stars, I Am A Dancer frôle l’excellence de Slowdive sur 5EP (paru en 1993 et jamais égalé) ou les premiers Seefeel. On se perd dans le flux et le reflux au gré d’une mélodie qui s’étire ad libidum.
12 – Desire – I Know
Autre retour en état de grâce inattendu, celui de Desire. Longtemps resté dans l’ombre de Chromatics, le groupe originaire de Montréal avait déserté la platine avant de renouer avec le label Italians Do It Better sans rien perdre de son pouvoir de séduction. Dans un road-movie aux références cinématographiques éminemment surannées, le trio roucoule toujours sous le soleil californien.
Écouter aussi :
In the Trip #3
In the Trip #2
In the Trip #1