Roulette Memory #44 : Whipping Boy / Submarine (1992)

Whipping Boy - Submarine (1992)En attendant la réédition augmentée de leur classique Heartworm,  dont les précommandes ont été épuisées ici en quelques minutes (on attend de nouveaux stocks pour le vinyle), on en a profité pour reprendre en main le premier album du meilleur groupe irlandais de tous les temps, Submarine. Sorti en 1992, sur le label Liquid Records, le disque agrémenté d’une pochette qui, avec le recul, fait écho au Nowhere de Ride (mais avec des voiles et de la chair, plutôt que des vagues, et deux ans plus tard) émarge au rang des plus grands albums de shoegaze de tous les temps. Entre rock explosif/progressif et déferlantes de guitares, le premier album des Whipping Boy est d’une intensité et d’une force rares. Le disque est bruyant, compact, granitique et dégage une puissance monumentale qui est soutenue et produite principalement par une section rythmique remarquable (Colm Hassett et Myles McDonnell). A l’autre bout (de la scène), la guitare de Paul Page jouit d’une liberté presque totale et vient sublimer, par des motifs circulaires, la voix incroyable de Fearghal McKee, le seul type qu’on aurait vu alors capable de défier Bono en duel.

Il faudra attendre deux autres années (1995) d’ailleurs pour que le groupe qui n’a besoin de personne d’autre (We Dont Need Nobody Else) égratigne la légende de U2 en peignant le grand manitou du groupe en gardien de phase mégalo. Sur Submarine, McKee se contente de développer une formule de romantisme bruitiste surmultipliée qui fait mouche en 10 titres tous inoubliables. Entre Beatle et Buffalo, Snow et le final magistral Submarine, Whipping Boy gagne ses galons en studio avec autant de facilité qu’il s’impose sur scène. La réputation des Irlandais grandit au point qu’ils finissent sur Columbia pour une entrée dans le grand monde qui nous les fera connaître, à l’époque de Bernard Lenoir qui les recevra en session. Malheureusement pour eux, l’année est mal choisie. On est alors en 1995 et les Britanniques ont d’autres chats à fouetter. A quelques mois près, on aurait pu tenir le plus grand groupe du monde. Au lieu de ça, il nous reste trois très beaux albums, des promesse non tenues et la joie de tenir entre nos mains l’un des outsiders et des trésors cachés les plus précieux de notre discothèque.

Ceux qui découvriront Heartworm dans sa version rééditée d’ici septembre en seront pour leurs frais. Whipping Boy a le blues de l’astronaute (Astronaut Blues) et nous aussi.

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