Dans la famille Palis, on connait Thoineau, le grand frère à la baguette de l’hyper productif projet Th Da Freak (un album minimum par an depuis 2014) qui s’impose de plus en plus sur la scène rock française, à la faveur des salués deux derniers albums notamment, Coyote l’an passé et Indie Rock en juin dernier. Il faut maintenant compter sur le petit frère, Sylvain, à la tête d’un groupe amené lui aussi à prendre de la place dans les bacs et sur les scènes d’ici, SIZ. Après un premier album produit en 2019 par Arthur Larregle de J.C. Satàn suivi d’une collaboration avec les excellents Cosmopaark, il revient en ce début d’automne avec un successeur, Blind, sur lequel vous aller pouvoir avec plaisir vous fracasser les oreilles.
Ici, on ne se cache pas du culte voué à l’électricité, ni à un petit faible pour tout ce que les années 1990 ont pu apporter de plus excitant ou tonitruant en la matière. Sans renier ni une écriture moderne, ni un penchant sans doute salvateur pour les mélodies et une certaine approche plus pop, noisy la pop, cela va sans dire, Blind nous entraine dans un vigoureux voyage décapant dans l’Amérique bruyante d’antan. On pense à Nirvana bien entendu, mais aussi à toute la scène hum…. (on ne pensait plus jamais avoir à écrire ce mot) « grunge » autour des labels Sub Pop ou Kill Rock Stars. L’album évoque par moment ceux qui ont sans doute le mieux su synthétiser un esprit faussement branleur avec une expression très rock, parfois même agressive mais presque toujours hyper mélodique, Pavement (sur l’excellent Illuminated) ou Sebadoh. En farfouillant bien, on trouvera même quelques bouts de métal chauffés à blanc (l’intro XXL It’s Over), quelques traces alambiquées d’un math-rock toujours bien senti comme celui des fabuleux June Of 44 (Abracabra Love) ou quelques saillies psychés (le bien nommé Strange Loop) du genre que l’on affectionne beaucoup dans le collectif Flippin’ Freak, leur label bordelais qui co-produit ce disque avec les parisiens de Howlin’ Banana.
Mais surtout, véloces et irrésistibles, les morceaux de Blind au-delà de vous entrainer dans un headbanging cathartique, dévoilent toutes les qualités d’écriture de Sylvain Palis et s’il ne fallait en retenir qu’un, c’est certainement le terrible single What Does Moon Think qui n’est rien d’autre que ce qu’on appelle un bon gros tube qui, si tout va bien, devrait faire le bonheur des programmes alternatifs de toutes les radios associatives et universitaires du pays.