Surf Curse / Magic Hour
[Atlantic]

5 Note de l'auteur
5

Surf Curse - Magic HourOn avait laissé Nick Rattigan drapé dans la tenue qui lui convient le mieux, celle du loser magnifique, à l’occasion du dernier album de Current Joys, l’excellent Voyager (Secretly Canadian) paru en 2021. L’Américain convertissait alors ses talents de chanteur – compositeur – auteur – multi-instrumentiste pour distiller sa douce mélancolie contagieuse.

Le retour du groupe dans lequel il officie derrière les futs et au micro s’annonce sous d’autres hospices. Presque 10 ans après ses débuts, Surf Curse a en effet connu un incroyable succès grâce à la magie des réseaux sociaux. Finies les productions artisanales : leur quatrième album, Magic Hour, a été enregistré dans un fameux studio (l’Electric Lady Studios à NYC) par Chris Coady (The Kills, Future Islands, Beach House, et plein d’autres têtes de gondoles indie-pop) et c’est la major Atlantic qui a fait le chèque. Ce changement de standing s’entend immédiatement. A tel point même que la production prend parfois le pas sur les compositions lorsque les effets de manche sont érigés en vedette.

Si l’album s’ouvre de façon assez consensuelle avec une chanson qui pourrait certainement intégrée les playlistes des college-radios (Cathy), le single Sugar bascule au détour d’un break aussi gros qu’un pick-up Dodge sur une route vicinale auvergnate dans une démonstration de guitar-hero. On croyait pourtant l’exercice réservé exclusivement à Jay Mascis. Nul doute que Surf Curse veuille faire fructifier l’héritage de Dinosaur Jr et de Built To Spill, mais ces anciens étant encore suffisamment gaillards pour s’en charger eux-mêmes, comme en attestent leurs derniers albums, on n’en voit vraiment pas l’intérêt. Alors ça tabasse bien sur Self-Portrait et on peut sauter sur place en secouant la tête ou balancer des coups de latte dans le vide sous les coups de butoirs des guitares d’Unwell à fond les enceintes. Le solo de guitare sur Arrow peut même donner lieu à un stage-diving au milieu du salon. Sauf qu’on a mal aux genoux, que la calvitie a fait son œuvre de destruction capillaire et qu’il a fallu vider le PEL pour se payer de quoi satisfaire nos oreilles de mélomanes les fesses calées dans un bon sofa. On trouve alors plus d’intérêt lorsque les Californiens cessent de bander les muscles, qu’une once de cordes et de piano éteint l’incendie, que Nick Rattigan ne vocifère plus (ce « 1-2-3 » sur TVI est-il utile ?) et laisse paraitre la fêlure à c(h)œur ouvert.

Malheureusement pour les âmes tendres, les interstices sont assez rares et vite colmatés à grands coups de guitares noisy et d’embardées binaires. Toutefois, indéniablement, on ne pourrait pas taxer le groupe d’avoir arrondi les angles pour s’assurer le succès à perpétuité.

Tracklist
1. Arrow
2. Cathy
3. Sugar
4. Lost Honor
5. Self Portrait
6. Unwell
7. Strange
8. TVI
9. Little Rock ‘N’ Roller
10. No Tomorrows
11. Fear City
12. Randall Flagg
Écouter Surf Curse - Magic Hour

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