C’est de saison. Alors que le label londonien Domino s’apprête à ressortir individuellement les 5 albums de Beat Happening ainsi qu’une compilation de 2003, retour en 15 covers sur la discographie de l’un des groupes les plus influents de ces 40 dernières années à travers une série de classiques repris par d’autres grands noms de la pop indépendante.
On a rarement été en si bonne compagnie, mais on se demande quand même où se planquent nos petits français.
1. Teenage Fanclub – Bad Seeds (face B du 45t Free Again, 1992, K records)
Avant de se faire les chantres d’une certaine pop classieuse, le TFC fut d’abord une sacrée bande de mauvaises graines issues des bas fond écossais de Bellshill. Pas étonnant alors de les voir en pleine période grunge s’attaquer à leur façon à cet impeccable hymne pour mauvais garçons sorti sur le label du boss en personne, K records.
2. Captain America – Indian Summer (face B du maxi Flame On, 1992, Paperhouse)
Pas loin de là et à la même époque, les copains écossais de Captain America (rapidement rebaptisé Eugenius après un petit coup de fil du cabinet d’avocats de Marvel) en pinçaient tout autant pour la bande d’Olympia et offrait une reprise parmi d’autre de ce morceau emblématique à la lutte avec le Outdoor Miner de Wire pour titre de chanson indé la plus reprise par des pairs. Vous voilà prévenu, vous n’avez pas fini de l’entendre ici.
3. BMX Bandits – Cast A Shadow (Album Life Goes On, 1993, Creation)
Ça allait finir par se voir que la connexion Olympia/Glasgow fonctionnait à plein régime, alors autant l’assumer au grand-jour au cœur de ce qui reste sans doute l’album le plus abouti à ce jour de Duglas T. Stewart et ses bandits en BMX à géométrie variable.
4. Urusei Yatsura – Bewitched (maxi Fake Fur, 1997, Ché)
Vous en voulez encore ? La source est intarissable et même quand les générations se succèdent, l’influence de Beat Happening sur la scène de Glasgow demeure centrale. En témoigne cette face B du furieux maxi Fake Fur sur lequel la bande à Graham Kemp s’attaque sans vergogne à ce titre des américains qui ouvre leur second album, Jamboree.
5. Boyracer – Bewitched (face B du single Bored + Lonely, 2019, Emotional Response)
Anglais émigré au fin fond de l’Arizona, voilà pour la transition et une version bien plus récente de ce morceau emblématique dont Boyracer fait son jouet à coup de punk rock énervé, bourré de fuzz et de larsens sauvages.
6. Hole – Hot Chocolate Boy (au fin fond du maxi Ask For It, 1995, Caroline records)
Un an après le suicide de qui vous savez, Monsieur-Courtney-Love en l’occurrence, a-t-elle voulu lui rendre un double hommage à travers la reprise de ce titre d’un groupe qu’il affectionnait tant, comme il aimait tant toute cette scène pop indépendante underground ? Comme si le Beautiful Son et le Hot Chocolate Boy ne faisaient qu’un.
7. Cub – Cast A Shadow (Betti Cola, 1993, Mint records)
Depuis Olympia, il suffit de passer la frontière pour se retrouver à Vancouver et partir à la rencontre de Cub, un groupe qui eut une petite réputation au cœur des années 1990 avec leur pop complétement fraiche, gentiment rriot grrrrl, tendrement surf. Une courte carrière de 3 ou 4 ans pourtant prolifique avec 3 albums et une poignée de singles.
8. Velocity Girl – Tales Of Brave Aphrodite (My Forgotten Favorite promo EP, 1993, Sub Pop)
C’est au fond d’une version promo de l’un des plus formidable single qu’ait produit la pop indé américaine que se cache cette reprise issue d’une collaboration entre Beat Happening et Screaming Trees sortie sous forme d’un EP 4 titres en 1988. Pas le meilleur des titres du groupe de l’état de Washington ni de celui de Washington DC mais une reprise pleine d’énergie sur laquelle on retrouve la voix puissante et attachante de Sarah Shannon, un peu hors des canons du genre.
9. The Shapiros – Cry For A Shadow (Gone By Fall Ep, 1996, Popfactory)
Supergroup par-delà les océans, The Shapiros scellait la rencontre de Pam Berry (Black Tambourine, entre bien d’autres) et de Bart Cumming (The Cat’s Miaow) le temps de 3 singles sur de minuscules labels dont celui-ci chez les new yorkais de Pop Factory. Ils apportaient la preuve, s’il en fallait, que Beat Happening était avant tout une formidable machine à pop songs complétement mélodiques et addictives.
10. Yo La Tengo – Cast A Shadow (face B du single Walking Away From You, 1991, Bar/None records)
Le destin des reprises étant d’éclairer les faces B, c’est sur cette authentique pièce de collection signée Yo La Tengo que l’on retrouve cette chouette reprise aux airs de grand ouest ou au grand air de l’ouest, c’est selon la longueur de la route qui sépare Hoboken d’Olympia, soit grosso modo un bout à l’autre du continent.
11. Luna – Indian Summer (maxi Indian Summer, 1993, Rough Trade)
Voilà bien un groupe qui n’a jamais caché son goût pour la reprise et ces discrets hommages rendus à ses contemporains. Pas mal pour un groupe héritier d’une autre formation culte comme Galaxie 500. Pas si discret que ça l’hommage d’ailleurs puisqu’il ouvre cet EP où sont également invités le Velvet Underground et la légende US Steve Wynn. Ça pose nos olympiens tout cela.
12. Ben Lee – Godsend (Quarter Century Classix, 2019, New West records)
L’ex petit génie de Noise Addict a bien grandi en 2019 quand il sort son quart de siècle de classiques, un album de reprise qui puise dans sa discothèque les titres les plus marquant de sa jeune vie musicale parmi lesquels ce morceau parmi les plus longs et hypnotiques du trio qu’il transforme dans une belle clarté.
13. Los Punsetes – Que Llegue El Verano (bonus sur la réédition de l’album éponyme, 2008/2018 Everlasting records)
C’est bien simple, les espagnols adorent tellement leur langue qu’ils ont l’habitude de tout traduire. Même une chanson emblématique comme Indian Summer que les madrilènes de Los Punsetes se réapproprient d’une façon fort réussie et agréable avec ces cuivres magnifiques qui renvoient aux couleurs de l’été indien.
14. Be Forest – Indian Summer (2014, We Were Never Being Boring)
Même d’obscurs italiens naviguant généralement dans les eaux plus sombres de l’émo, un peu goth, un peu shoegaze, un peu cold et souvent post-punk, trouvent leur inspiration dans ce morceau intemporel qu’ils reprennent d’une bien jolie façon éthérée et diaphane.
15. Spectrum – Indian Summer (maxi Indian Summer, 1993, Silvertone records)
A Sonic Boom non plus, s’attaquer à quelques classiques comme son copain Dean Wareham ne fait pas vraiment peur et c’est donc sur un autre Indian Summer EP, véritable disque jumeau sorti cette même année 1993 que l’on retrouve cette version stupéfiante aux côtés cette fois de Bo Didley ou Daniel Johnston. Une version encore très influencée par la fin de Spacemen 3.
Crédit Photo : Anne Culbertson