En guise de douzième album, Closure cloue l’épitaphe sur la tombe de Piano Magic, qui, même si l’injustice de la grande histoire de la pop-music l’oubliera peut-être, n’en reste pas moins un groupe fondamental pour quelques-uns. Ce fanatisme inconditionnel trouve son fondement dans une relation personnelle qui relève du parcours initiatique, dans cette possibilité de se projeter dans leur musique comme autant d’histoires fantasmées, de projection distanciée et de perspectives romantiques. De fait, des liens se sont tissés entre le groupe et ses fans au fil de la parution de disques disséminés sur une multitude de structures artisanales. Un truc sur la durée et donc très rare – surtout à l’heure actuelle où tout va si vite.
Alors autant dire que lorsqu’on tient l’objet portant le mot final entre nos mains, celles-ci tremblent un peu… On détaille tous les indices extérieurs avant d’entrer dans le vif du débat. Depuis cette pochette signée par le fidèle compagnon Jeff Teader (probablement la plus belle pochette de toute la discographie de Piano Magic) jusqu’aux crédits et en particulier le line-up de ce groupe qui nous a habitués aux changements de personnel. Exit Angèle David-Guillou qui a quittée le domicile pour se lancer dans une carrière solo. Autour du tenancier Glen Johnson, on retrouve donc la doublette de français exilés à Londres Franck Alba (guitares et programmations) et Jérôme Tcherneyan (batterie et percussions) ainsi que le fidèle Alasdair Steer (basse). Audrey Riley joue de nouveau les parties de violons quand Paul Tornbohm fait son retour après des années d’absence (il a participé à l’aventure entre 1997 et 2003). C’est déjà une petite surprise, mais c’est surtout Peter Milton Walsh (The Apartments) qui fait figure de super guest-star. Cela a toujours été une habitude de Glen Johnson que d’ouvrir son projet à l’extérieur, sans que cela n’altère en rien la personnalité de Piano Magic. Au contraire, cela l’a toujours conforté en ceci que les invités sont là pour sublimer les avancées d’une formation qui a toujours aimé expérimenter pour se prémunir de la routine.
Et de prime abord, ce qui frappe à la découverte de Closure qui fait écho au titre No Closure (sur l’album Artists’ Rifles – 2000) se sont ces aspérités qui accrochent l’oreille. Pour avoir assisté une paire de fois aux prestations scéniques du groupe, dans diverses combinaisons, on sait que les guitares ont la part belle chez Piano Magic. Mais ces quelques balafres électriques sont de véritables gifles sur le long morceau éponyme d’introduction, qui s’éteint au bout de 10 minutes dans un havre de paix. Par ailleurs, c’est la sonorité métallique des guitares qui fait se dresser le poil (jusqu’au final I Left You Twice, Not Once), tout comme quelques chœurs masculins appuyés – en lieu et place de la délicatesse de l’absente. Mais cela reste des détails. Voire même des maux nécessaires pour valoriser la qualité des mélodies, pour mettre en perspective les constructions et souligner la richesse des arrangements. Cela permet aussi de faire craquer le vernis des cordes et piano qui pourraient guinder le propos. Alors Piano Magic relève le formidable mid-tempo Exile qui ouvre une porte vers un futur mort-né, moins cold et plus new-wave, ou encore You Never Stop Loving (The One That You Loved), sommet capiteux de l’album à écouter en buvant un Cognac XO.
Seul le temps permettra de jauger la valeur de Closure à l’aune des autres albums de Piano Magic. Malheureusement, après vingt ans d’une relation passionnée avec ce groupe, du temps on va en avoir pour réécouter les douze albums, les monceaux de EP et quelques compilations. La messe est dite et ne résonnera plus malgré nos prières.
Excellent album… tres artist’rifles… Je regrette quand meme la voie d’Angele…
J’ai surotut été (très agréablement) surpris que Glen Johnson sorte encore quelque chose! Concernant les aspérités… je me demande si c’est pas la longue et lente influence de Franck Alba qui des son arrivée a rockifie le son Piano Magic… En attendant, vraisemblablement fan hardcore… quel plaisir!
Oui, c’est sûr que le chant d’Angèle manque par moment pour souligner une mélodie ou faire le contrepoint… et puis c’est triste que ce soit le dernier.