Si on avait (gentiment) égratigné De Justesse, le premier extrait du nouvel album de Florent Marchet, c’est surtout que sa production XXL ne rendait pas totalement hommage au morceau dont on découvrait quasiment au même moment une superbe version dépouillée. Il n’y avait cependant pas matière à s’inquiéter outre mesure sur la teneur de Garden Party, sixième album du berrichon qui sortira pour annoncer l’été le 10 juin, chez Nodiva. Pour preuve, Freddy Mercury, second extrait du disque qui, derrière un titre un rien clivant dont on n’imagine a-priori pas vraiment où il va pouvoir nous emmener, révèle le Florent Marchet que l’on adore retrouver, celui de ces histoires à fortes consonnances autobiographiques, de cette France du milieu qu’il décrit de la même façon qu’elle est magnifiée par les photos de Raymond Depardon ou du duo Nelly Monnier et Eric Tabuchi de l’Atlas des Régions Naturelles.
Freddy Mercury, c’est l’affirmation sans conteste que Florent Marchet est définitivement à classer dans la catégorie non seulement des meilleures plumes, mais aussi des meilleurs compositeurs et interprètes lui qui, comme Dominique A., ne s’interdit aucune incursion dans un univers plus ouvertement variété tout en s’accordant des moments d’une grande profondeur. Comme le nantais, l’attrait de la littérature l’a conduit à l’écriture et Le Monde Des Vivants publié en 2020 portait en lui ces souvenirs romancés, cet art de la précision qui immerge complétement le lecteur ou l’auditeur. Nombreux sont les artistes qui convient en chanson leurs souvenirs d’enfance ou d’adolescence mais peu le font comme lui et Freddy Mercury entre d’emblée dans la lignée des grandes chansons du genre, du Corps De Ferme A L’Abandon à la magistrale Une Adresse En Italie du Michel Cloup Duo.
L’atmosphère, portée par un thème de piano magnifique souligné de sonorités électroniques discrètes mais structurantes, est à la fois mélancolique, sociale, réaliste. Tout au long des plus de 7 minutes que dure le morceau, la voix, se détachant de la mélodie déclame le long texte dans un chanté-parlé d’école, habité, souligné par la sobre vidéo de Bertille Chevallier qui semble convoquer d’autres souvenirs lycéens, entre le bric-à-brac de la scène du club théâtre et les cours d’arts plastiques où excellait forcément Elliot Royer dont les œuvres illustrent le morceau.
Florent Marchet est le conteur de nos vies et il nous tarde de retrouver les beaux jours pour partager cette Garden Party.
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