Amis vidéastes et mélomanes bienvenus. Si vous avez un jour traîné vos guêtres dans les années 80-90, ce nouveau morceau de Goune, posé sur une production du toujours inspiré et provoc la Vilerie, Terminator en VHS est fait pour vous et risque de vous faire tout l’été. Sur un délicieux emprunt (oh, les gars, vous avez clearé le sample ?) au Final Countdown de Europe, le « poète urbain » préféré des lascars et auteur de Ugly Monsters négocie un texte à la fois drôle, ultra-référencé et magnifiquement chargé en punchlines définitives.
Entre auto-dépréciation, clochardise et rêves de grandeur, Goune se lamente sur son statut de poids léger du rap business et nous offre un coin de rêve sur ses soirées d’aujourd’hui où « le bonheur, c’est ma bitch, une pizza, Terminator en VHS. » Rappeur dépassé et délaissé par l’époque, le MC exprime sa nostalgie des grandes heures du genre (celles où il contemplait encore une destinée XXL dans le rap), en égrenant les références à Nirvana, Star Wars et aux soirées Johnnie Walker. Le flow est rythmé, fluide, assassin aussi, sublimé par l’emphase étouffée du Final Countdown qui dégouline de win à l’arrière-plan.
Difficile de ne pas sourire et de ne pas avoir les yeux qui pétillent comme ceux d’un gamin malicieux à l’écoute de cette pièce beaucoup plus subtile et riche qu’elle en a l’air et qui passe en revue nombre des films culte de la culture 90s. « Je suis un roi pas connu comme Charles VIII. (…) Je fais un avion avec un stylo comme Mc Gyver. (…) Remballe tes covers c’est le take over. (…) Je mets pas un centime pour ta moule, mais pour un polo je pourrais mettre 200 boules. (…) Je suis né l’année de Nirvana avec le bébé dans la piscine, … Comment avoir mon inspi, fils, pas de réponse quand tu demandes à siri…. (….) je retourne à l’époque du disco et tu me reverras jamais.. parce que de nos jours je me sens mal calé, un peu comme Jésus sur une croix gammée… » La petite sélection est faite ici un peu au hachoir mais il faudrait avoir les oreilles mal embouchées pour ne pas apprécier la qualité des formulations, l’engagement du rappeur et l’intelligence mi-cruelle mi-comique du tout.
Ce Terminator en DVD est une petite merveille irrévérencieuse et aussi un peu triste qui reprend à son compte l’antienne déjà croisée chez Stick, par exemple, d’une génération de rappeurs abandonnés par les leurs au profit d’un « nouveau rap » et qui luttent dans la clandestinité, avec l’âge, le quotidien, pour prolonger l’état d’esprit conquérant et alternatif de leur jeunesse. On ressort de ce déluge avec l’idée que le VRAI rap est bien là, qu’évidemment c’était mieux avant et donc maintenant, à l’arrache et à l’économie, avec ces mecs qui sont nos semblables, nos frères.
Pour le fun, on en profite pour s’offrir un bonus de fun avec le génialissime GDB (pour « gueule de bois ») enregistré avec Swift Guad il y a quelques années.
Photo : Arnold California dans Terminator 3 (2003, capture d’écran)
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