On ne nous reprochera pas avec Josephine Foster et la pochette de son nouvel album, Faithful Fairy Harmony de tapiner du clic, tant on se situe ici dans un outre-monde où le commerce, l’envie de conquérir des marchés artistiques et la harangue du public potentiel semblent des aberrations. On s’est d’ailleurs longtemps demandé qui pouvait bien écouter ce genre de musique aujourd’hui à part quelques néo-folkeux, post-hippies en mal de guitare sèche ou les membres du fan-club de Bridget Saint John… avant d’être gagnés nous-mêmes par le charme de la chanteuse américaine.
Pour ceux qui la découvrent ici, Josephine Foster est une chanteuse américaine, originaire du Colorado, âgé de 44 ans, qui chantait enfant pour les enterrements et les cérémonies (ça ne s’invente pas) avant de signer quelques disques folk blues, matinés (dans ses meilleurs jours) d’un brin de psychédélisme. On a pris contact avec elle en 2009 pour un album très spécial, Graphic As A Star, où elle interprétait divinement bien des poèmes d’Emily Dickinson. Comme elle avait avant chanté quelques lieders allemands, cela vous donne une petite idée de l’environnement sacré dans lequel évolue la jeune femme. Elle a chanté aussi un texte de James Joyce et un autre de Rudyard Kipling, autant dire que Josephine Foster est la chanteuse préférée de ceux qui ne jurent que par la littérature. Toujours chez Fire Records, qui l’héberge depuis dix ans, Foster a annoncé son nouvel album, Faithful Fairy Harmony donc, avec ce premier morceau, Challenger. L’album sort sous la forme d’un double LP et devrait, si l’on s’en tient à ce que dégage le single, approfondir cette veine spirituelle et intimiste qui est la marque de fabrique de la jeune femme. On y trouvera de la harpe, du piano, du violoncelle et d’autres instruments nobles (des guitares aussi) dont elle joue seule ou accompagnée de fidèles comme Victor Herrero. La musique de Josephine Foster est délibérément hors du temps et anachronique mais accède, dans cette volonté de se tenir à part de tout ce qui peut se faire ailleurs, à une forme de tranquillitas fascinante qui facilite l’élévation de l’âme et l’expression des sentiments. Au coin du feu ou entre deux prières, en solitaire ou avec un ou une amoureuse, l’écoute d’un de ses albums est susceptible d’engager un vrai transport spirituel. Foster fait parler et chanter les anges. Elle rend au folk et à la musique l’une de ses intentions premières qui est de s’adresser aux dieux et les appelant par leur prénom caché. On peut s’en moquer mais aussi s’en régaler.