A quelques jours de la sortie de leur nouvel et deuxième album, Drunk Tank Pink, les Anglais de Shame continuent d’éventer ses secrets (pas très bien gardés) avec rien moins qu’un quatrième extrait. On ne revient pas sur cette étrange marketing qui conduit quasiment à mettre sur la table la moitié de l’album qu’on espère ensuite écouler pour donner envie. Mais, s’agissant des Londoniens, la technique n’est peut-être pas stupide. Après un premier album Songs of Praise, sorti au début de l’année 2018, ayant marqué les esprits, le groupe avait quelque peu paru désorienté, exposant publiquement ses doutes quant à la marche à suivre.
Après une tournée bien démarrée puis contrariée par la crise, le groupe s’est cependant remis à l’ouvrage et a donné à travers les quatre titres révélés jusqu’ici quelques indications sur ce qu’il entend présenter avec ce nouveau disque très attendu. Avec Alphabet et Water In Well, mais aussi avec le nouveau single Nigel Hitter, on retrouve un Shame incisif, pop et punk à la fois, qui rappelle (en plus sombre peut-être) l’intelligence et la fraîcheur des Arctic Monkeys. Les mélodies sont soignées, les guitares au centre du jeu, les percussions dynamiques et la voix nerveuse : c’est à la fois agréable mais aussi très codifié. Il n’y a jusqu’ici qu’avec le magnifique Snow Day que le groupe a désigné un possible pas de côté, passionnant et vraiment nouveau : plus dark encore, mariant électro et organique, le single ouvrait un horizon et une possible transformation réellement excitante que n’ont pas confirmé jusqu’à présent les autres morceaux. Ce n’est pas parce qu’il s’accompagne d’un joli clip fait d’images d’archives fascinantes venues d’un centre de recherche sur le développement des gamins que Nigel Hitter déjoue sa vraie nature pop. Le morceau est appliqué, agréable mais clairement pas décisif.
A quoi faut-il s’attendre le 15 janvier avec ce Drunk Tank Pink ? Un Shame égal à lui-même et qui nous rejouerait son premier album en… moins bien. Ou un Shame pionnier et décidé à proposer des choses vraiment différentes ? On craint la voie médiane. L’avenir dira si on s’était trompés.