[Clip] – Bohren Und Der Club Of Gore capte les nuits lausannoises

Bohren Und Der Club Of Gore - Patchouli BlueAvertissement : si vous n’avez pas 8 minutes et 13 secondes à passer ou que vous vous sentez l’humeur un peu down, pour ne pas dire carrément déprimée, peut-être vaudrait-il mieux poursuivre votre chemin comme si de rien n’était.

En même temps, personne ne viendra se plaindre de tromperie sur la marchandise : après une courte période rock tendance doom à ses tous débuts, le groupe de la Ruhr Bohren Und Der Club Of Gore, outre son nom explicitement peu engageant, est devenu le fer de lance du mouvement appelé dark jazz depuis Gore Motel son premier véritable album en 1995. Assez peu jazz au final, si ce n’est par l’utilisation de quelques instruments emblématiques (contrebasse, cuivres) et une nette tendance à l’étirement voire l’improvisation scénique, mais pour le coup carrément dark, nocturne, lymphatique à souhait. S’il est incontestable que le mouvement puise ses racines dans les BO du regretté Angelo Badalamenti disparu en décembre dernier, celles de Twin Peaks en particulier (le film en 1992 d’ailleurs, plus que la série) ou quelques années plus tard celle, terrifiante, de Mulholland Drive, les allemands l’ont poussé dans ses retranchements : toujours plus long, toujours plus sombre, toujours plus doom.

Patchouli Blue, leur dernier album en date sorti il y a déjà trois ans sur [PIAS] bénéficie aujourd’hui d’un petit coup de projecteur (rouge sang la gélatine sur le projo, évidement) à la faveur de la sortie de ce qui, longueur du morceau oblige, s’apparente plus à un court-métrage qu’à une vidéo promotionnelle. Sag Mir, Wie Lange (Dis-moi Combien de Temps en VF) réalisé en Super 8 par le vidéaste roumain Radu Zero à présent installé à Lausanne est une plongée intense au cœur des nuits érotico-violentes des bords du lac Léman. Le film suit une jeune femme qui va se retrouver prise au piège d’un rendez-vous sanglant. Film et musique, intimement liés, magnifiant le ralenti et les respirations profondes, se déploient lentement avant l’inexorable fin que souligne l’entrée d’un saxophone, comme toujours chez Bohren Und Der Club Of Gore, beau comme l’amour.

Le trio sera en tournée européenne d’ici quelques jours et jusqu’en novembre prochain mais dans un pays peu bien adepte du genre malgré les formidables brestois du Dale Cooper Quartet And The Dictaphones si peu prophètes en leur pays, seuls les lillois auront l’honneur de pouvoir aller à leur rencontre le 10 novembre à l’Aéronef.

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