[Clip] – Yann Tiersen en cabane

Yann Tiersen - KerberSi le riche début de vie artistique de Yann Tiersen aura été pour le moins lucratif grâce notamment aux 3 bandes originales de films qui auront définitivement scellé un succès planétaire confirmé (Rue des Cascades, le thème principal de La Vie Rêvée Des Anges, Goodbye Lenine et bien évidemment entre les deux Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain), il n’a depuis de cesse de consolider son image de musicien engagé, à la fois sur le plan artistique et humain, social quasiment. Tombé amoureux de longue date de l’île d’Ouessant sur laquelle il vit depuis plus de 10 ans, il a récemment racheté une ancienne discothèque de bord de mer tombée à l’abandon, comme il en existe des dizaines sur le littoral breton pour la transformer en L’Eskal, Salle de concert et de résidence, studio d’enregistrement, musée intime de son imposante collection d’instruments mais surtout lieu de vie ouvert sur la baie de Lampaul et l’océan, mais aussi sur le petit bourg du chef-lieu de l’île qui, petit à petit, revit de ces initiatives sociales, culturelles et solidaires.

Il est dès lors peu de dire que depuis en 2014, toute son œuvre est puissamment inspirée par l’île qui ira jusqu’à donner son nom (breton) à son album de 2016, Eusa. Un album qui marque aussi le tournant vers une musique plus dépouillée, à l’image des landes insulaires succédant à des albums nettement plus rock. Ker Al Loch (la cabane), extrait de Kerber, le nouvel album du brestois, ne déroge pas, ou peu, à cette nouvelle ligne directrice qu’il s’est fixée : du breton, langue qu’il s’est approprié, un peu, Ouessant en toile de fond, dans les titres du disque et des morceaux déjà, mais aussi et surtout dans l’esprit qui parcourt ces morceaux et du piano, beaucoup, mais en apparence uniquement. Car c’est avant tout l’électronique qui a guidé le musicien dans la réalisation de cet album. Sur ce Ker Al Loch particulièrement réussi et attrayant, on assiste à un subtil chassé-croisé entre piano et électro qui, petit à petit, prend le dessus dans un mouvement sinusoïdal, comme la profonde houle du Fromveur avant de s’écraser en une courte mais soudaine explosion électro-clash comme une déferlante sur les falaises déchiquetées au pied du Créac’h.

La vidéo, réalisée par l’artiste multimédia anglais Sam Wiehl est une plongée graphique et digitale dans un univers à la fois glacial et envoutant, magique et inquiétant où des formes amibiennes se meuvent au grès des variations de Ker Al Loch, telles des laminaires en mer d’Iroise ou des bancs de poisson entamant leur gracieuse danse avant l’attaque du prédateur.

Kerber sortira à la fin du mois d’août sur Mute et ne comportera que 6 titres, mais qui, à l’instar de Ker Al Loch, laisseront à la musique de Yann Tiersen le temps et l’espace de se développer pleinement dans un univers classico-électro-maritime devenu la véritable signature sonore d’un artiste qui a su magnifiquement se renouveler.

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