Il va falloir cette année compter avec la jeune chanteuse Heeka, dont le premier album est sorti en janvier et auquel on se met à peine. Tourné dans un château du côté de Toulouse, le clip qui accompagne le single The Haunted Lemon ajoute évidemment, par sa réussite et sa manière de nouer le suspense, au pouvoir de l’enregistrement. Mais d’où vient ce citron qui promet d’être à peu près aussi culte que l’orange volée de Michal Kwiatkowski et les citrons révolutionnaires des Stone Roses sur leur premier album et bye bye badman ? On exagère à peine : le citron de Hanneke Hanegraef (le vrai nom de Heeka) est un citron d’origine flamande (Belge donc) qui rejoint plutôt la galerie des « objets » hantés parmi lesquels on trouve un ascenseur, un réfrigérateur, un four, une voiture et bien sûr bon nombre d’animaux. Heeka vit dans le Sud Ouest mais chante comme si elle résidait toujours au pays des pluies éternelles.
Par delà l’anecdote, le premier disque de la jeune femme qui a démarré sa carrière d’artiste via les arts forains (le cirque) avant d’y renoncer suite à un problème de genou, est une vraie curiosité dark-folk qui envoûte et inspire dans un registre pas si différent de l’héroïne américaine Waxahatchee. Heeka évolue dans une veine un peu plus arty et onirique, insufflant dans ces compositions une fragilité et une bizarrerie que renforce sa voix enfantine. L’ensemble est à la fois très pop, un peu gothique et étrangement séduisant comme savait l’être jadis la pop scandinave. L’artiste n’hésite pas à s’engager et à porter un regard lucide sur le monde. Mais qui sont ces citrons qui sifflent sur nos têtes ?