Hadley Common, quartier forestier de la ville de Barnet, sympathique et bucolique bourgade située entre Tottenham et Watford dans le Grand Londres, était surtout connue (des locaux) pour avoir été l’un des terrains de chasse favori des Tudor…. Riche en gibier et en fougères, elle sera désormais associée pour l’éternité au retour musical de Laudanum, groupe « électronique mais pas que » de l’Orléanais Matthieu Malon, qui profite de ce tour en forêt pour ressusciter une franchise, un peu culte mais pas si souterraine, en sommeil discographique depuis 14 ans, après les sorties d’un album de Noël magnifique et de decades chez feu Monopsone Records.
Le retour de Laudanum vaut sûrement à l’échelle médiatique un peu moins que, disons, un pet de Aya Nakamura ou un mal de tête chez Stromae. Artistiquement, on se situe d’emblée et tout de même à une échelle qui a dix ou quinze barreaux de plus avec, sur un seul extrait, plus de choses à digérer qu’en dix ans de carrière chez d’autres. On exagère un peu mais il y a dans ce choix de premier extrait une déclaration programmatique tout en modestie et en sophistication qui laisse espérer un retour plus qu’intéressant. Hadley Common est partagé (textes et voix) avec le chanteur Gareth Cavill, dont la seule présence devrait assurer des ventes gigantesques au disque (on parle ici d’un type qui a « 2 écoutes mensuelles sur Spotify »), puisqu’il est l’auteur de deux albums, Mares’ Tails (2010) et de Laughing In The Morning (2001), disque qui fait figure de sommet de la Northern Englishness cette pop classieuse et pastorale qui coule dans les veines de nombre d’artistes qu’on adore (on parlera bientôt du nouveau Declining Winter mais on peut citer aussi les Montgolfier Brothers dans cette famille oubliée).
Toujours est-il que c’est Cavil qui éclaire ce nouveau morceau, tiré de l’album à venir, As Black As My Heart, de toute sa mélancolie et de son talent. Les paroles qui parlent d’années passées à la vitesse de l’éclair et d’un présent qui s’illumine à nouveau, à partir d’une situation simple comme pop (deux amants qui se tiennent la main), fait évidemment écho au retour d’un groupe (Laudanum) qu’on croyait définitivement perdu. Hadley Common nous en restitue le souvenir comme intact, dans la précision affolante des arrangements (synthétiques mais millimétrés), plein d’emphase et d’attention, mais aussi tendu vers le partage de l’espace et l’accueil, ici, du chanteur en majesté. Le travail de Malon consiste à ne jamais étouffer ses invités et à leur offrir un cadre de production suffisamment vaste pour tirer le meilleur parti de leur singularité. On n’épiloguera pas sur Hadley Common mais c’est un petit titre touchant, lumineux et prometteur mais aussi ample et ambitieux qui donne une folle envie d’écouter la suite.
On mentirait en disant qu’on ne connaît rien de ce qui va advenir. On attirera l’attention sur l’étrange parenthèse qui suit, dans la description YouTube du morceau, le titre de l’album (volume 4:1). Cette coquetterie laisse entendre que As Black As My Heart ne vient peut-être pas seul. Mais c’est une autre histoire dont on ne tardera pas à causer.
Laudanum vient de lancer sur son profil Bandcamp la pré-commande ultra limitée des 3 volumes de ce nouvel album. Le premier paraîtra à la fin de l’été…
L’annonce sur Facebook…
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