L’une des caractéristiques des électeurs d’Emmanuel Macron est d’adorer le second degré. C’est ainsi, le goût de la dérision autorisée vient avec l’augmentation des revenus et de la culture en général. Aussi, on s’est demandés si la réapparition des New Kids On The Block n’était pas un nouveau coup monté par les masterminds de LREM à quelques jours du premier tour de la Présidentielle pour discréditer Jean-Luc Mélenchon et l’empêcher d’accéder au second tour. Il n’y a pas moins de gauche que les NKOTB.
A l’époque de la gloire du groupe américain (au milieu des années 80), Macron était à peine né mais on est à peu près certain que sur ses dix ans, notre président a pu se trémousser sur Popsicle ou Be My Girl, en apprenant les tables de multiplication qui lui serviraient bien plus tard chez Rotschild. A écouter ce nouveau morceau qui intègre dans une démarche méta dont on ne pense pas grand chose le splendide Rick Astley et les non moins cools Salt N Pepa, on n’est pas tout à fait certains qu’ils soient temps de Bring Back The Time, mais ce qui est clair c’est que le morceau est réussi.
Réussi à quel titre ? Réussi pour la déconne et réussi parce que le refrain est chouette et la production un magnifique tour de passe-passe qui permet de mêler l’ensemble des intervenants (dominés par Astley et sa voix géniale) dans une ambiance 1989 qui envoie du lourd et ferait passer Spinal Tap pour un vrai documentaire. Est-ce qu’on est obligés ? Non. Pas plus que de voter Macron ou techniquement d’allonger la durée du travail.
Ecouter ce nouveau single des New Kids On The Block est toutefois de nature à ouvrir une faille temporelle sur un univers distant où Bill et Ted ont réussi à percer et à dominer les Charts, un univers où les coupes mulets et les vestes en jean ont encore une vie devant eux, où les clubs sont pleins le samedi soir et où on peut encore baisouiller à l’arrière de sa Punto sans préservatif ni masque. Autant dire que dans ce monde alternatif, le capital risque est mince, l’essence pas chère et la solidarité intergénérationnelle pas encore un fantasme de vieille personne en EHPAD. Un monde sans OPA, sans action, régressif et dérisoire, un vrai truc de Goonies.
Possible que les New Kids On The Block, pour la première fois de leur vie, incarnent un idéal que les LREM et les Leprechauns ne peuvent pas comprendre. Une version ordinaire et un peu conne des Jours Heureux, une société trépassée dansante et non mondialisée. Pour l’info, le titre est co-écrit par Donnie Wahlberg, le frère de Mark, et le groupe en tournée des YéYés dans son pays.