En trois albums et une disque somptueux de BBC Sessions, avec Urusei Yatsura, l’Ecossais Fergus Lawrie a contribué (modestement) à changer l’histoire du rock. Chainon manquant entre le shoegaze britannique et la colère volcanique d’Outre-Atlantique, Fergus et son ami d’alors Graham Kemp ont aidé à dynamiter la britpop et à offrir une synthèse incandescente et pleine d’esprit aux musiques indé. Groupe des années 80, égaré dans les années 90, les Urusei Yatsura ont été au contact de leurs idoles, poursuivant un rêve de liberté rendu inaccessible par les manoeuvres de l’industrie du disque et une surchauffe précoce.
A l’occasion de la réédition numérique chez Rocket Girl de leur projet d’après, l’extraordinaire Yoyodine de Projekt A-ko (2009), nous avons repris avec Fergus Lawrie un dialogue au long cours démarré il y a plus de trois ans. La perspective est étourdissante et donne un éclairage nouveau sur l’histoire du rock à guitares de ces 25 dernières années. Naïveté, génie à l’oeuvre, honnêteté et guitares à gogo, c’est l’entretien GEANT que nous publions cet été en deux parties et en intégralité.
C’est un privilège de vous avoir en interview. Le moins que l’on puisse dire c’est que cela fait un bail…. Et presque aussi longtemps que l’on avait pas eu l’occasion de dire à nos lecteurs combien on aimait Urusei Yatsura et le Projekt A-ko. Quel est votre meilleur souvenir de cette époque ?
J’adorais évoluer sur scène et voyager aussi. Tous les concerts étaient géniaux. Tourner aux Etats-Unis et en Europe, explorer la Grande Bretagne, rencontrer nos héros ainsi que des gens qui aiment ce qu’on fait, se faire des amis sans aucune effort car acquis à notre cause ! Quoi d’autre ? Les chutes du Niagara la nuit, le sommet d’une montagne en Norvège, un soir à boire dans la nuit de Bari, sauter d’un train en marche au Danemark. J’ai tellement de souvenirs fous et mémorables…
Ce n’est sans doute pas si facile de répondre à des questions sur un passé aussi lointain. Vous avez réédité en 2016 des BBC sessions enregistrées entre 1996 et 1998. Est-ce que tu te sens encore proche du Fergus Lawrie de cette époque là ?
Ni plus ni moins que n’importe quel type qui se sentirait proche de celui qu’il était à vingt ans de distance. J’étais jeune et exalté, enthousiaste et prompt à prendre des décisions idiotes mais j’ai toujours fait de mon mieux. J’aimerais avoir une conversation sérieuse aujourd’hui avec le jeune type que j’étais hier mais je sais que d’une certaine façon cela ne changerait pas grand chose.
Le disque de 2016 regroupait notamment plusieurs Peel Sessions. Vous avez toujours eu une relation privilégiée avec John Peel. Vous pouvez nous raconter comment vous l’avez rencontré. Je crois qu’Alexis Kapranos de Franz Ferdinand était dans le coup, n’est ce pas ?
Oui, Alex dirigeait un club appelé le Kazoo au 13ème Note à Glasgow. Cet endroit a été le lieu de révélation et d’apprentissage de nombreux groupes écossais dans les années 90. C’était une époque formidable qui n’aurait pas été possible sans la tutelle bienveillante d’Alex qui maintenait une vraie exigence et donnait par la même occasion aux groupes un horizon et une raison d’espérer. John Peel a entendu parler de nous à travers une démo qu’on lui a adressée très tôt et aussi par l’intermédiaire de notre fanzine Kitten Frenzy. Nous avons découvert qu’il avait écouté la cassette pendant des mois dans sa voiture. Il nous a invités à nous produire dans son show lorsqu’il est venu à Glasgow et nous lui avons donné un album du Kazoo Club qu’il a joué directement, comme ça, sans même l’avoir écouté avant. Ma mémoire n’est pas très bonne alors il est possible que je mélange l’ordre des événements mais je crois qu’il est aussi venu nous voir jouer au 13ème Note. Il devait se cacher dans un coin et résister aux trois cents types qui lui glissaient des démos dans la poche ! La totalité des personnes qui étaient dans le public jouaient aussi dans un groupe…. Il nous a reçu en session et c’est grâce à cela qu’on a été signé chez Che Records. Par la suite, John Peel a toujours été loyal et présent pour accompagner notre carrière. Il a soutenu l’intégralité de nos disques. C’était un homme remarquable. En vieillissant, je mesure de mieux en mieux l’importance fondamentale qu’il a eue sur la musique de notre époque. Nous devons beaucoup à Alex et John. Je n’oublie pas The Evening Session et le Mark Radcliffe Show qui ont eux aussi joué un rôle important pour nous.
Qu’est-ce que vous faites en ce moment ? Pour être sincère avec vous, j’étais un grand fan du Projekt A-ko, le groupe qui a suivi Urusei Yatsura. Je vous ai suivi lorsque vous avez sorti Angel of Everyone Murder 1 et 2 en Cds mais j’ai trouvé cela trop expérimental et atonal. Est-ce que vous travaillez toujours dans cette direction là ?
Je travaille toujours pas mal la musique, chaque jour, et dès que j’en ai le temps. Je ne sais pas vraiment ce que je fais. Peut-être trop de choses, peut-être trop de choses à la fois. Cela a été comme une sorte de progression naturelle, le fait d’aller vers la musique expérimentale. Je ne sais pas ce que je vais faire ensuite. Je me tournerai vers ce qui me semble fonctionner le mieux. Je suis toujours très fier de l’unique album du Projekt A-ko et vraiment reconnaissant de la qualité de production que Steven Ward nous a permis d’atteindre. Le disque a été réalisé sans l’appui d’un label à l’époque et il a été très très long à terminer. A l’arrivée, il n’y a quasiment aucune promo et personne ne l’a écouté. Ce dont je me souvenais de cette expérience d’autoproduction c’est que je déteste les réseaux sociaux ! J’ai envoyé quelque chose comme 500 disques promos que j’ai retrouvés en bonne partie même pas ouverts sur ebay. L’album a eu 50 critiques en ligne qui lui ont donné une note de 8 sur 10 ou plus, ce qui n’a généré AUCUNE vente….. Mais c’était aussi une façon de me prouver à moi-même que je pouvais composer un disque aussi bon qu’un disque de Urusei Yatsura et me dégager de cette obligation permanente de produire et produire à la demande. Sans impératif, sans fans, sans label, sans concerts, sans groupe et sans argent, je peux d’une certaine façon prendre tout mon temps et faire ce que j’aime. A l’époque, j’avais été invité à participer à une manifestation d’art contemporain à Northampton par l’artiste Louise Marchal (avec laquelle j’avais parlé lors d’un concert au King Tut’s où elle travaillait avant). J’ai réalisé une installation avec mes anciennes guitares de tournée qui étaient activées par le souffle d’une série de ventilateurs électriques mis en série. J’ai fait cela sous le nom de Obscure Desire of Bourgeoisie. Les musiciens expérimentaux de Glasgow Kylie Minoise, Wounded Knee et Neil Simpson de BuffalobuffalobuffaloBuffalobufallo était de la partie également. On a prolongé ça par d’autres événements à l’Ecole d’Art de Dundee et à la Galerie d’Art Moderne de Glasgow, en intégrant une version de Music on A Long Thin Wire de l’artiste Alvin Lucier. Je me suis lancé à corps perdu dans la scène noise écossaise et j’ai réalisé un documentaire Send/Receive avec Neil Simpson et Ben Ewart Dean. J’ai participé à un atelir du talentueux Yuri Landman et c’est lui qui m’a inspiré les guitares halo que j’ai utilisées par la suite sur Angel of Everyone Murder, avec Lea Cummings et Sarah Glass.
J’ai le sentiment qu’un projet comme Angel of Everyone Murder ne peut pas être compris en dehors de la scène. Sur CD, on perd le contact direct avec la guitare. Est-ce que ces guitares HALO sont difficiles à manier ?
Pour être honnête, c’est vraiment très très chiant de jouer avec. Elles font du feedback sans arrêt et elles produisent un son qui est non seulement imprévisible mais très difficile à contrôler. Les cordes n’arrêtent pas de se barrer. En fait, nous n’avons pu jouer qu’une seule fois en concert en… sept ans. Actuellement, je les délaisse un peu. Lea Cummings a sorti les disques sur Kovorox son label, ce qui constitue une vraie reconnaissance pour moi. Pour la promotion, je ne fais pas grand chose car ce n’est pas moi qui fais quoi que ce soit. C’est clairement un marché de niche. Mais en tout cas, c’était une expérience dans le domaine de l’impro, de la recherche du chaos musical qui s’est avérée très intéressante pour moi. Tous les morceaux sont issus d’improvisations totales et en une prise unique.
Qu’est-ce qui constitue l’enjeu véritable de cette musique selon vous ? Et qu’est-ce qui fait que vous vous y intéressez ?
Je crois que cela en bonne partie à mon amour de la guitare électrique. J’en ai joué d’une certaine façon pendant quinze ans et maintenant je pratique d’une toute autre manière…. Pendant un moment, par exemple, j’ai utilisé un Dorian Aescher SRG Drone String Resonator qui est un ustensile réellement incroyable et très inspirant.
J’ai le sentiment que la recherche se situe vraiment sur la texture du son et la façon de produire avec une guitare quelque chose qui n’est plus tout à fait un son de guitare… Une dissolution en guise de solution. L’électricité au centre du dispositif. Mais je ne suis pas sûr d’avoir tout compris.
Le secret, c’est juste d’improviser entre amis autour de ces guitares d’un genre nouveau. Pour voir ce qui arrive. C’est simple comme bonjour.
Il y a tout de même une volonté délibérée d’abandonner les mélodies, le chant, les choses qui accrochent, tout ce qui peut guider l’auditeur et lui permettre d’établir une connection avec l’ancien monde…
Oui, oui. J’ai vraiment plongé à fond dans le pouvoir de l’électronique, du harshnoise pendant un temps durant lequel j’écoutais pas mal de musique minimaliste aussi comme Reich, Riley et Glass. Après m’être concentré pendant tant d’années sur le songwriting, je crois que j’ai eu besoin de me rafraîchir le cerveau. Le bruit est, comme vous le dites, un rejet du formalisme pop, une approche plus sensuelle et directe de l’exploration des sons. Et puis j’ai rencontré beaucoup d’artistes qui jouaient et se produisaient sur scène pour le pur plaisir de le faire, sans intention aucune de faire carrière ou de réussir. La musique pour moi était devenue comme une succession de contrats à honorer, d’affaires. Cette nouvelle orientation m’a permis de couper avec tout ça. Ca m’a aidé à prendre de la distance et à m’affirmer en tant que musicien, selon mes propres termes, un musicien qui se produisait sur scène ou non, qui jouait gratuitement ou en se faisant rémunérer, seul ou en groupe, avec ou sans publicité, par delà le fait d’être bon ou non. Je suis devenu ce musicien là.
Chez Urusei Yatsura et Projekt A-ko, la guitare a toujours été le centre de la musique et le point d’attention principal. Est-ce que vous considérez que vos anciens groupes étaient des “groupes à guitares” ? Ou est-ce que finalement, par rapport à ce que vous avez pratiqué ensuite, la vérité des morceaux n’était pas plutôt à chercher dans la dynamique apportée par la section rythmique, c’est-à-dire la basse et la batterie ?
Dans Urusei Yatsura, nous avons appris à jouer ensemble. Nous sommes devenus un groupe et nous avons joué à l’unisson, en groupe. Nous sommes montés sur scène pour la première fois ensemble et nous étions aussi très très proches. Le son que nous produisions était le résultat naturel d’une musique où des instruments ont appris à s’exprimer au sein du collectif. Ce n’est pas comme si nous étions vraiment entraînés ou des musiciens professionnels. Il s’agissait d’un gang de jeunes gens fans de musique qui ont traversé le 3ème mur et ont décidé de monter sur scène. Les deux compositeurs se trouvaient être guitaristes et c’est pourquoi la plupart de nos compositions sont venues de là, plutôt que d’avoir été composées par la section rythmique ou d’avoir poussé à partir d’un groove.
Les BBC Sessions reprennent des versions très solides de vos chansons. Pleines d’énergie, de vigueur. Quelles étaient vos références musicales à cette époque.
On était le groupe de scène par excellence. On répétait religieusement et on prenait nos responsabilités au sérieux quand il s’agissait de distraire et de stimuler le public. On adorait monter sur scène et ce plaisir était communicatif. L’album BBC donne une idée assez juste de notre comportement sur scène : on était soudés et féroces ! Les critiques qui étaient faites de nos concerts sont toutes dithyrambiques, même lorsque les journalistes n’aimaient pas spécialement ou ne comprenaient pas d’où nous venions. Ce CD de Peel Sessions est probablement plus près de ce que nous étions que n’importe lequel de nos albums studio. Nous adorions l’éthique indépendante des années 80. Nous avions grandi avec Peel, le NME, le Melody Maker et nous respirions depuis toujours toutes ces vagues à la mode, tous ces mouvements tels que le blonde, le twee, le shoegaze, les Smiths, Jesus And Mary Chain, My Bloody Valentine, Sonic Youth, Pixies, Beat Happening, Throwing Muses, Galaxie 500, la scène de Glasgow avec les Pastels, les Vaselines, Teenage Fan Club, mais aussi les groupes de filles des sixties, les Mamas and Papas, les Beatles, les Monkees, le Velvet, Leonard Cohen, Bowie et bien sûr tous nos amis de 13ème note et les Bis, Delgados, l’écurie Chemikal Underground et bien sûr Arab Strap.
Certains critiques font d’Urusei Yatsura un groupe clé dans cette période car votre musique était un pont naturel entre le mouvement shoegaze anglais et la révolution américaine qui allait venir et détruire l’ordre établi avec la Britpop…. Vous trouvez que c’est une lecture correcte de l’histoire ou une invention de journalistes ?
Certains critiques nous voient comme un groupe clé ? Je ne sais pas. A vrai dire je ne crois pas avoir déjà entendu cette thèse selon laquelle on serait une prolongation du shoegaze et des précurseurs du grunge mais peut-être bien que nous avons aidé à ça et permis à des gens qui avaient été confrontés à un spectre assez large de musiques alternatives de s’apercevoir à quel point la britpop était un mouvement réactionnaire et monoculturel. Je ne sais pas. Je ne pense pas qu’il y ait eu pour nous cette “expression d’un contexte”. La presse ne savait pas quoi faire de nous. Nous voulions être un groupe indé des années 80 comme nos héros et nous avons débarqué dans des années 90 livrées à l’industrie et à toutes ces merdes. C’était le moment où les gros labels se précipitaient sur les groupes grunge et britpop, en achetant tous les labels et en signant tous les groupes alternatifs avec pour effet, la plupart du temps, de les faire exploser les uns après les autres. La plupart des groupes comme nous en Grande Bretagne ont fini sans label, ou ont été lâchés et rangés sur une étagère quand ils ne sont pas changés en trucs commerciaux, n’ont pas explosé avant même que quelque chose n’arrive pour eux. Si l’on prend en compte le genre de musique qu’on faisait, nous avons eu de la veine de boucler trois albums. Nous n’avons pas eu d’avocat ou de manageur pendant la plus grande partie de notre carrière. C’est peut-être pour ça que nous avons survécu !
On lit souvent que vous étiez influencés par Pavement ? L’esprit, les mélodies, l’urgence, l’angoisse adolescente etc. Vous avez croisé pas mal de groupes qui sont encore importants aujourd’hui : Pavement, Mogwai, etc. Qu’est-ce que vous avez retenu en tournant avec ces groupes ? Vous en admiriez certains et je suppose que vous en avez inspiré quelques uns aussi ?
Oui, Pavement, c’est juste. Ils nous ont pas mal influencé, moi particulièrement. Au départ, on était vraiment des fans de musique. On apprenait le travail, on essayait de rivaliser avec nos idoles. C’est pour cela que par moments on nous entend essayer de sonner comme Sonic Youth, Stereolab, Pavement et quelques autres. C’est naïf mais aussi honest. Tous les groupes ne sont pas capables de créer un nouveau paradigme pour le rock à guitares.
Je me souviens que quand j’étais un simple fan j’ai été pris en stop par Lush à la fin d’un concert. J’ai été surpris et affligé quand on a eu fini de fourrer tout le matériel à l’arrière de leur vieux van rouillé, plein jusqu’au trognon d’ampli, de guitares et de matelas dégueulasses. L’une des membres du groupe m’a lancé : “qu’est-ce que tu croyais ? Qu’on volait tous dans des putains d’hélicoptères?” Quelques années plus tard, on voyageait dans un van identique et on a vécu les meilleurs moments de notre vie! Mogwai étaient hilares et radieux durant toute la tournée. Ils étaient si jeunes. J’ai adoré passé du temps avec les autres groupes du label Che comme Bear, Backwater et Superstar Disco Club. C’était notre plus belle période, ces tournées dans des camions qu’on partageait avec nos collègues de labels. On avait pour point d’honneur d’emmener avec nous des groupes écossais, Eska, Pink Kross, Moniack. Au fil du temps, tu rencontres d’autres groupes en tournée et chacun rentre peu à peu dans sa bulle, suit son propre planning, souvent en étant très fatigués. C’est plus difficile de socialiser ou de rencontrer des gens de manière un peu signifiante. Je ne suis pas physionomiste alors j’ai parlé à Tim Gane (Stereolab) et à plusieurs de mes héros sans savoir qui ils étaient (désolé, les gars). Super Furry Animals et le Wedding Present ont été des hôtes de tournée très généreux. On a aussi joué avec N°1 Cup, Prolapse, Six by Seven, Tunic, Magic Dirt, Apples in Stereo, Pavement, Ash, Teenage Fan Club, Garbage, Luna. Nous avons rencontré des tas de groupes, tant de personnes incroyables qui étaient animées par une telle passion pour la musique, des fans, des ingénieurs, notre équipe, les agents, les promoteurs. Tout le monde contribuait à cette grande parade.
GIANT INTERVIEW PART 1 : Fergus Lawrie, from Urusei Yatsura to Projekt A-ko, A Scottish Legend
With his 3 (almost perfect) LPS and a later BBC session CD, Glasgowian quatuor Urusei Yatsura and his coleader, Fergus Lawrie, did contribute (modestly) to change indie rock history. Fergus and his then friend Graham Kemp helped shaping a different era of indie rock with sparkling guitars and pre-geek and otaku references. Following the footsteps of English shoegaze and introducing a form of chaotic rage which announced American grunge, they invented a burning and witful indie synthesis which still sounds as the missing link between Ride, Jesus And Mary Chain, Dinosaur Jr and… Pavement. Urusei Yatsura were a band from the 80s inventing the new century, noble and honest. They did what they could to exist in a new industrial context and live their dream of freedom and love of music as young people would do in the turmoil of that time.
As Rocket Girl label celebrates the 10th anniversary of their other band Projekt A-ko’s only LP, the remarkable Yoyodine, we’ve been through a long dialog with guitarist and singer Fergus Lawrie which started 3 years ago ! As the Television Personalities would say, « this band could have been bigger than »… Sonic Youth or whatever band you could have in mind. Well never mind, they did not. Their legacy is growing as Fergus tells about his values, his work ethics and his absolute love for guitars. Indie was once synonymous with integrity. Here we go for a two part GIANT interview with a band from the past who’s told about the future before everyone else.
Glad to have you answer some questions for us, well…. It is been a long long time since we haven’t had the occasion to remind readers how good Urusei Yatsura was as a band. What is your personal favorite memory of that era?
Loved playing live and travelling, all the gigs were great, touring in America and Europe, exploring Britain, meeting your heroes and people who liked your band everywhere, readymade friends! So the Niagara Falls at night, on top of a Norwegian mountain, late night drinking in Bari, jumping off a train in Denmark, so many great, crazy memories
https://www.youtube.com/watch?v=cefckD5ZuW8
It is always a bit hard to answer questions from the past, I guess. Songs which are on this BBC sessions UY LP were recorded between 1996 and 1998. Do you still feel close to the Fergus Lawrie you were at the time?
Probably feel the same as anyone who is old enough about themselves twenty years ago, being young and excited, making some dumb decisions but trying my hardest, I would like to give myself a good talking to but know it wouldn’t have made any difference!
The LP which has been out 3 years ago was made of a few Peel Sessions. You’ve always had a good relation to the man. Can you remind us of how you’ve first got it touch with him? It may seem strange from now but there was Alexis Kapranos from Franz Ferdinand involve…., is that it ?
Alex ran the Kazoo Club at the 13th Note in Glasgow which was the proving ground for a lot of the bands that came out of Glasgow in the nineties. A fantastic time that wouldn’t have been possible without Alex’s determined curation which kept the quality high and gave bands something to aspire to. John Peel became aware of us because of an early demo we sent him which we later found out he played in his car for months(!), and our fanzine ‘Kitten Frenzy’. He invited us on his show when he visited Glasgow and we gave him a Kazoo Club LP which he played straight away on air without even hearing it! I have a terrible memory so I’m not sure of the order of events, but he also came to see us play at the 13th Note where he had to hide in a corner from a barrage of demo tapes! Virtually all the audience were in bands too! He gave us a session and because of that we were signed by Che records. He was incredibly loyal throughout our career and supported all our releases, an amazing guy, obviously. As I get older I see more and more how profoundly he has influenced music. So we owe Alex and John so much! The Evening Session and the Mark Radcliffe show also very good to us.
What are you doing at the present time? To tell you the truth, I am a great fan of what you’ve done with Projekt A-ko. I’ve bought the Angel of Everyone Murder 1 and 2 cds but it was too… experimental or atonal for me. Is that still the direction you work in?
Thanks for the support! I work very hard on music every day when I have time. I don’t know what I am doing, maybe too much, everything at once. Its been a very natural progression into more experimental music, I don’t know what I will do next, whatever seems to work. I am very proud of the Projekt A-ko record and grateful for all the great work Steven Ward did to produce it, but without a record label it took so long to make and no real promotion no-one has heard it. All I learned from trying to release it myself is that I hate social media! I sent out 500 promos many of which showed up on Ebay unopened, got 50 8 star reviews online and virtually no sales… But its great, I proved to myself I could do a record as good as UY and released myself from the obligation to make any more as there was no interest or imperative, no fans, no record label, no gigs, no band, no money, now I can take my time, do what I like. Around the same time I was invited to participate in an art show in Northampton by artist Louise Marchal (who remembered me from chatting after a gig at King Tut’s when she used to work there!) and so did an installation using all my old gigging guitars played by electric fans under the name Obscure Desire of the Bourgeoisie. Glasgow experimental musicians Kylie Minoise, Wounded Knee and Neil Simpson of BuffalobuffalobuffaloBuffalobuffalo came down too. It led to further events and invitations to present work at Dundee School of Art and Glasgow Gallery of Modern Art including a version of Alvin Lucier‘s Music on a Long Thin Wire. I became infatuated with the Scottish Noise scene and made a documentary ‘Send/Receive’ about it with Neil Simpson and Ben Ewart Dean. I attended a workshop by the wonderful Yuri Landman and was inspired by his tailed guitars to make the halo guitars we used in Angel of Everyone Murder (with Lea Cummings and Sarah Glass).
I’ve got the impression a project such as Angel of Everyone Murder can’t truly be understood unless you see the band playing live. On CD, you lose the contact with the guitar itself. Is this HALO guitar sound difficult to promote?
To be honest they are a pain in the ass to play, they feedback all the time and the sound is very unpredictable and hard to control, strings keep jumping out of the saddles. We only did one live gig about seven years ago. I don’t use them much at the moment. Lea did all the releases on his Kovorox Sound record label which is an honour, I didn’t have to do much promotion so I don’t know, its obviously a niche interest sound, an experiment in improvising and chaos which was very liberating for me. All the tracks were live improvisations, one take.
What is the stake behind that work on guitar sounds? What is the key to your interest for this kind of music?
Partly I just love electric guitar, I played it a certain way for fifteen years, now I play it other ways…for a while I was using a Dorian Aescher SRG Drone string resonator and pickup which is a really cool inspiring device.
To me, the main interest is to work on sound textures and to produce something is no more a guitar sound when being essentially a guitar sound…. Dissolution into solution. Electricity at the core. But I am not sure I’ve understood it well. Can you explain us what you want to reach with Angel of Everyone Murder ?
Really just improvising with friends with these interesting guitars I made to see what would happen, its simple.
What strikes me here is the deliberate will to give up melodies, singing, hooks everything which can guide the listener and make the connection with your ancient world…
Yes, I really got into power electronics/harshnoise and drone for a while, as well as minimalist composers/artists like Reich, Riley, Glass. I think after concentrating on songwriting for so long I needed to refresh my brain and noise is as you say a rejection of form and just a sensual direct exploration of sound. Also I met so many artists who were just playing and performing for the sheer joy of it without any inclination or intention of making a career from it, music for me had got so tangled with contracts and business and marketing it really helped me shake loose. In particular it helped me define myself as a musician on my own terms, whether I’m performing or not, whether I’m paid or not, in a band or not, whether anybody knows it or not, whether you think I’m any good or not, I’m a musician.
When in Urusei Yatsura and Projekt A-Ko, guitar sound has always been the center point of attention. Would you consider those bands as guitar bands? I mean do you think at the time the dynamics were produced by guitars more than there were by the traditional rhythm section, i.e drums and bass ?
In UY we pretty much learned to play together, we became a band and learned our instruments as a unit, played live for the first time together, we were very close, the sound we made is just the natural outcome of how we shaped our instruments to each other. We are not really trained or professional musicians, just a gang of music fans who made it through the wall and onto the stage somehow! But both songwriters were guitarists and the songs usually evolved from there, rather than from a rhythm or a groove.
On the BBC live sessions on the LP, we have very strong versions of your songs. Full of dynamics, energy, vigor. What were your musical references at the time?
We were a live band, we rehearsed religiously and took our responsibility to entertain and inspire the audience very seriously, we loved performing and it was infectious. The album gives a good indication of how tight and ferocious we were live. Virtually all our live reviews are raves, even if people didn’t like or understand where we coming from. The Peel LP is probably a truer reflection of that than any of our studio albums. We loved the indie ethic of the eighties and grew up with Peel, NME, Melody Maker and were inspired or influenced by all those stupid wonderful waves of fashions and movements, blonde, twee, shoegaze, Smiths, Jesus and Mary Chain, My Bloody Valentine, Sonic Youth, Pixies, Beat Happening, Throwing Muses, Galaxie 500, the Glasgow scene Pastels, Vaselines, Teenage Fan Club, also sixties girl groups, Mamas and Papas, Beatles, Monkees, VU, Leonard Cohen, Bowie and all our fellow 13th Note bands and Bis/Delgados/Chemikal Underground/Arab Strap.
Critics usually see UY as a key band of the period as your music is seen like a natural bridge between british shoegaze and the American revolution to come as a chaotic response to Britpop….. Do you find this appreciation correct or he is just some journalistic bullsh*t ?
Do critics see us as a key band? I’m not aware of that. I haven’t heard the idea of UY as a continuation from shoegaze and grunge before but maybe we helped carry a flame of some kind for people who had been into comparatively diverse alternative music and were appalled by Britpop reactionary monoculture. I don’t know, I don’t think there was a context for us really, the press didn’t know what to do with us, we wanted to be an eighties indie band like our heroes and found ourselves in the corporate nineties just when the big labels rushed back in during grunge and Britpop, buying all the indies and signing alternative bands then comprehensively fucking them up. Most bands like us in Britain at the time either just didn’t get signed or were dropped or shelved or turned into corporate shit or broke up before they could get anything happening. Considering the music we were making we were really lucky to get three albums out. We didn’t have a lawyer or manager for most of our career, maybe that’s why we survived!
It is common to see some Pavement influences in your music. Wit, melodies and emergency, Teenage angst also. You’ve crossed path with a few big bands from the past and the future : Pavement, Mogwai, etc. What can you tell us about touring with those bands ? Some were bands you admired I guess. You were maybe models for a few younger ones…
Well people often reference Pavement and that’s fair enough they were a big influence, on me especially, and we really were just music fans, learning on the job, trying to emulate our idols, so there are clear moments where we are trying on Sonic Youth, Stereolab, Pavement and others. Its naive but its honest, not every band can create a new paradigm for guitar music.
I remember as a fan getting a lift from Lush after a gig and being amazed/appalled when we all piled into the back of a rusty transit full of amps, guitars and a filthy mattress, one of the band said something like ‘you think we all fly about in fucking helicopters?’ A few years later we were travelling about in a similar van having the time of our lives! Mogwai were hilarious to tour with, they were very young! Also loved spending time with other Che bands like Bear, Backwater and Superstar Disco Club. Those were the best times co-touring with bands you knew in shared vans- we made a point of taking other Scottish bands with us, Eska, Pink Kross, Moniack. As you meet other touring bands, well every group has their own bubble and a schedule to follow, often exhausted, so its hard to socialise or meet people in a meaningful way. I never recognise anyone so I spoke to Tim Gane (Stereolab) and several other heroes without knowing who they were (sorry!) Super Furry Animals and Wedding Present were very generous and kind tour hosts, we played with No.1 Cup, Prolapse, Six by Seven, Tunic, Magic Dirt, Apples in Stereo, Pavement, Ash, TFC, Garbage, Luna and loads of festivals, met loads of bands, but you meet so many amazing people with a passion for music as you travel about, fans, engineers, crew, agents, promoters, other bands were just part of that.
Thank you for this wonderful interview. Urusei Yatsura are my favourite band, and Projekt A-ko’s Yoyodyne is a beautiful album (massive props to Rocket Girl for the reissue).