Les Instantanés d’Imara #21 – The Fleshtones à Paris

The Fleshtones à ParisÀ Paris, dans le quartier de la Bastille, le Café de la Danse est plein à craquer et attend avec impatience l’arrivée des quatre pointures du garage rock américain, j’ai nommé The Fleshtones. Il faut dire que leur concert devait avoir lieu vendredi dernier, mais une blessure de dernière minute de leur batteur a dû mettre un terme à cette soirée qui n’avait même pas commencé. Fort heureusement, les Fleshtones purent vite reporter leur concert au mardi suivant, le 16 septembre, c’est à dire hier soir.
En première partie nous avons droit aux Primitive Chaos. Derrière ce nom qui pourrait être celui d’un bootleg des Stooges se cache deux musiciens bourguignons, Jeff au chant et à la guitare et la sympathique Estelle à la batterie. Les groupes de première partie étant généralement mous et interchangeables, ces deux-là sont plutôt une bonne surprise. Ils nous jouent un garage rock concis, simple, efficace et bruyant comme il faut, malgré un set légèrement répétitif. Mais vu les groupes de premières parties qu’on se farcit aujourd’hui, on ne va pas faire la fine bouche.

21h. Et voici donc ceux qu’on attendait depuis (au moins) vendredi, les toujours fringants Fleshtones. Leur entrée se fait en fanfare, avec en tête l’élégant Peter Zaremba, dandy facétieux à la mèche d’argent, le flegmatique Keith Streng, réservé mais égal à lui-même, le batteur Bill Milhizer remis de ses blessures et le bassiste Ken Fox. Trois membres originaux sur quatre pour un groupe fondé en 1976 (!), cela relève de l’exploit. Si parfois on peut se sentir largué aux concerts de certains artistes qui ont la brillante idée de ne jouer que des obscurités ou leur dernier album dont vous n’avez que faire, ce n’est pas le cas avec les Fleshtones. Il est en effet nullement nécessaire de connaître leur discographie sur le bout des doigts pour apprécier leurs concerts. Même quand on s’est arrêté à Roman Gods (ou sinon, Hexbreaker), on passe quand même un excellent moment.

Les amateurs le savent: les Fleshtones sont avant tout et surtout un groupe de scène. Et pour mettre le feu, on peut carrément dire que ce sont des pyromanes. Peter Zaremba assure le show: “Nous sommes les Fleshtones, et on est chez nous à Paris”!  Ainsi démarre un spectacle festif sans temps mort, dans la joie et la bonne humeur.
Peter tape dans ses mains, danse le twist, joue avec son micro, nous fait tourner sur nous-mêmes (qu’est-ce qu’il nous fait pas faire, ce Zaremba !), Il se met de temps à autres aux claviers, laissant sa place à Keith Streng. Si celui-ci est plus calme, il ne se prive pourtant pas de quelques cabrioles, de démonstrations de guitare et de coups de pieds dans le vide.

Les chansons s’enchaînent, beaucoup de titres récents, d’autres issus de leurs débuts, comme I’ve gotta change my life issu de Roman Gods, New Scene (provenant de Hexbreaker, leur deuxième opus) ou The Girl from Baltimore. Quelques morceaux hommage: un en l’honneur d’Alex Trebek, célèbre présentateur de jeux télé outre-atlantique (imaginez un groupe d’ici écrire une chanson rock sur Julien Lepers..), un autre à la mémoire de Dominique Laboubée, chanteur des Dogs disparu en 2002, (grands représentants du rock hexagonal dans les années 70/80), ainsi qu’un savoureux pastiche des Ramones avec We remember the Ramones. Un bel hommage de la part de nos chers Fleshtones, eux aussi vétérans du CBGB ayant côtoyé les meilleurs éléments de la scène new-yorkaise de l’époque. La vraie postérité n’est pas d’avoir une rue ou un établissement à son nom: c’est d’avoir une chanson des Fleshtones écrite à sa gloire.

Peter Zaremba nous fait alors une annonce: c’est son anniversaire ! Le public entonne un chaleureux “Happy birthday” avant d’être interrompu par Peter s’exclamant: “Attendez ! C’est moi le chanteur !”  La fête continue, entre irruptions bienvenues de Zaremba et Streng dans la fosse, poignées de mains, toujours sous un déluge de rock joyeux et dansant n’appartenant qu’à eux, mêlant garage, surf, pub rock, soul et punk. Hard Lovin’ Man, et les reprises de Dick Tracy (titre des années 50 de The Chants) , Soulshake (Jo Jo Benson) Alright (The Searchers) qui conclut le set.

Le concert se termine après un dernier tour dans la fosse, les musiciens regagnent leur loge. Pas de rappel. On s’amuse si bien avec les Fleshtones que le temps semble toujours trop court. Ces gars-là savent encore faire du rock n’ roll, du vrai. Un authentique spectacle plein d’énergie et de joie de vivre, qui ne se suffit qu’au talent et à la perfomance de leurs musiciens. Sans écrans ni effets spéciaux, et dans des petites salles à taille humaine loin des arènes impersonnelles.
L’une des chansons jouées pendant leur set s’intitule I Surrender. En ce qui nous concerne, ça fait longtemps qu’on s’est rendus aux Fleshtones. Et on est toujours ravis de se prendre une claque de leur part.

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