Johnny Marr fêtera ses 60 ans le 31 octobre. L’occasion pour l’ancien guitariste de The Smiths de revenir à travers une compilation best of, Spirit Power, sur une carrière solo bien remplie (tout de même) mais qui aura, quoi qu’il arrive, été vampirisée par ses trois ou quatre années passées dans les années 80 en compagnie d’Andy Rourke, Mike Joyce et Morrissey.
Pour dire la chose sobrement, il ne viendrait à l’idée de personne de troquer une seule des chansons de The Smiths (Golden Lights peut-être) pour toute l’œuvre de Johnny Marr en solo, une malédiction forcément injuste qui a conduit l’un des meilleurs guitaristes de sa génération à œuvrer dans l’ombre de son ancien chanteur, sublime, depuis 30 ans. Spirit Power revient principalement sur les quatre albums solo du guitariste chanteur, albums qu’on a écoutés pour la plupart et assez vite oubliés. Nos dernières contributions critiques à la reconnaissance du génie de Marr étaient du reste un 4/10 méchamment accordé à son dernier LP en date, Fever Dreams, couplé à un généreux 7/10 pour services rendus au précédent, Call The Comet.
Johnny Marr est cool, joue bien de la guitare, chante plutôt pas mal mais de là à en faire un artiste solo charismatique et intéressant : la messe est dite. Pour Spirit Power, le guitariste a composé, en plus des titres piochés dans quatre albums solo (The Messenger et Playland s’ajoutent aux précédemment cités), deux titres originaux, Somewhere et The Answer. Comme il l’explique lui-même autour du premier de ces nouveaux titres, Johnny Marr a beaucoup fréquenté les grandes scènes et autres arenas ces dernières années, en solo, avec Blondie ou avec The Kills, pour lesquels il a travaillé. Il en a retenu, plus encore que le passé, qu’une bonne chanson ne pouvait pas exister si elle ne marquait pas les esprits et n’était pas accrocheuse. Ce qu’il s’évertue à respecter depuis. Somewhere ne fait pas exception. C’est une sorte de banger post britpop, pétillant et enlevé, qui repose sur des motifs de guitare accrocheurs et volontairement ultra séduisants. Le refrain est entonné avec vigueur et invite à la reprise en chœur. Le texte est flou, oecuménique et il faut bien l’avouer aussi inoffensif qu’un sermon du dimanche. L’ensemble est sympa, élégant mais dénué de tout impact. C’est le genre de titres qu’on pourrait écouter au réveil pour se mettre en train ou au casque pendant un footing.
Ce n’est pas pour autant qu’on négligera ce disque qui nous invite… plutôt… à concevoir une playlist regroupant les meilleures contributions du bonhomme tout court aux divers groupes avec lesquels il a navigué, d’Electronic aux Cribs en passant par quelques titres pour des BO. Là peut-être, pourrait-on espérer ne pas paraître négliger un garçon dont l’autobiographie rendait à merveille l’admirable banalité.